En fait Marie-Agnès a un mobile dans les mains et une troisième main, dessinée au début, qui tient la jambe droite. Elle envoyait des textos à quelqu’un de sa famille et à un ami musicien et poète que je connaissais aussi, et qui travaille à Berlin, lui disant que je faisais à l’instant son portrait. Trop de mystère pour l’incrédule ? Je fais des commentaires maladroits et elle répond caustique A hand shake my friend. Je suis terrorisé que la main blanche, dessinée à peine avec de l’oxyde vénitien, s’approche de moi d’un sourire secrètement macabre. L’on rêve, au prix de traverser le cauchemar du soin. L’on exprime des regards par des mots. Etre sous le signe de la prophétie d’une quelconque planète ou d’une branche de lumière semée au Ciel.
Que ce soit écrit sous le portrait, ce commentaire du message. Elle écrivait, elle est pure allégorie du métier et du sacerdoce d’écrivain. Mais la main fantôme est celle d’un Bouddha duquel on reçoit la Dharma, un Boddhisatva à plusieurs facettes, dans le moins cubique des visages apaches. C’est fort comme une première dame qui aurait été pute. C’est principesque, c’est très Renaissance. Même l’on peut penser aux dialogues de Catherine de Sienne sur le sang et les larmes. L’on se sent Apollinaire acculé par l’émotion au calligramme. Que ce soit écrit sous le portrait. Lui qui aurait pu tuer avec la secrète compassion du soldat un écrivain ou un poète allemand.
Tu sais, la névrose c’est une peur de la démence aussi. C’est pour sublimer la peur qu’on doit soigner l’angoisse, sinon être en santé. Je t’écris sous la sensation d’une dictée automatique. Mais les pratiques surréalistes sont permises ? Et à quel prix ? Moi-même je ne sais ce que je te dis et j’appelle ça poésie. Voilà un siècle qui passe. Nocturne...
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