mercredi 20 janvier 2010

Appel SOS aux ELS



Un de ces rares aristocrates espagnols qui écrivent encore, et comment! est le philosophe Ignacio Gomez de Liano. Toujours exigent avec soi-même jusque dans la poésie, il est l'auteur d'une oeuvre foisonnante dans toutes sortes de genres, telle sa transparente philosophie complètement inconnue du public français.

Les Français préfèrent de l'Espagne l'image d'un ordre baignant dans l'optimisme, celle d'une classe intellectuelle au service de la gauche. Une culture illustrative de la pensée correcte. Rien d'étonnant à ce que l'on épargne au lecteur français la lecture d'un homme trop complexe, d'un penseur artiste qui par révolte s'approche de la droite espagnole, d'un aristocrate véritable empreint d'un supposé anachronisme qui rebute.

Pas surprenant que du côté espagnol, ce soient les penseurs aristocrates qui défendent la liberté, face à une petite bourgeoisie qui prône la soumission, le défilé populiste, l'uniformité. La culture espagnole a formalisé toute une suite de lieux communs sur une supposée profondeur, d'apitoiements pieux et rédempteurs et, la seule chose pour laquelle je la remercie, c'est d'avoir sanctifié l'ivresse publique. Et pas de surprise pour Ignacio Gomez de Liano s'il est peu intéressant pour être traduit en français. A plus forte raison que les traductions de l'espagnol en français ont pour objet des journalistes et professeurs mystificateurs et populistes, petits bourgeois dans la tête comme Rivas, Vila-Matas et Munoz Molina.

Les exilés volontaires, intérieurs ou migrants, se voient attribuer les cornes du bouc diabolique et coupable. Même dans la conscience aiguë que j'ai du pauvre, sachant souhaitable toujours le vrai socialisme, je suis sur la longueur d'onde de l'androgyne aristocrate. Je pense à un beau grand crayon de Pierre Klossowski qui dresse le portrait d'un hermaphrodite, et au caractère sévère du personnage de sa femme. Je pense à Mario Praz s'insurgeant contre Benedetto Croce. Pensez à Baltruisaitis ou à Michel Tardieu, dont une bonne partie des études sont consacrés au plaisir de l'erreur. On voudrait que tous les signes s'inclinent vers la même direction, autour de nous, mais l'on se doit de faire l'expérience du contraire.

Je suis conforté par l'idée capricieuse. Elle est faite monument par les volumes d'Ignacio Gomez de Liano consacrés à renverser le fantasme du rapport à l'Orient. L'orientalisme se voit complètement détourné par la thèse d'une origine grecque et juive de la structure du mandala tibétain. Une structure astrologique à usage mnémotechnique serait parvenue du monde hellénique jusqu'en Asie à travers les migrations de sceptiques, gnostiques et manichéens. De gros volumes savants peuplés de merveilles. Et puis il y a le théâtre, le roman, et un passé de poète d'avant-garde ayant fréquenté les beatniks, les tous premiers hippies et le milieu de Dali. Son premier livre fut une traduction de textes latins de Giordano Bruno.

Reste encore un gros volume semblable à un Tractatus de Wittgenstein, mais plus chaleureux, rendu agréable par la conceptualisation de la Chair et par la sublimation artistique des nouveautés cognitives qui, depuis l'Amérique, gagnent du terrain en Europe. Un lourd livre que ni le public espagnol, ni le public français sauraient soulever, tel une épée attrapée dans la pierre d'un mythique avenir de la pensée qui n'a pas de roi. Iluminaciones filosoficas.

Par moments le parti-pris de son livre, auquel la culture française a tourné le dos, dans sa stricte philosophie me paraît réductionniste comme la logique de Quine, mais l'ammoniaque des vieilles traditions de libre pensée me ranime et j'y reconnais leur influence sur Ignacio Gomez de Liano. Il a su intégrer aux penseurs aristocrates une dernière pensée pour le monde. Un excentrique foisonnement de générosité. Dans un roman autobiographique qui se passe à Hong-Kong, il montre de fines connaissances de l'art de la guerre ou regrette la victoire du communisme au Vietnam, par exemple. Quelque chose qui relève d'une lucidité insupportable pour le monde de la culture.

L'initiative de donner de la publicité à des conversions au catholicisme, dans un milieu d'avant-garde comme les Editions Léo Scheer, est une première provocation à la classe politique. Sera-t-elle suivie de la traduction d'Ignacio Gomez de Liano ?

Y aurait-il un éditeur en France qui ait la carrure suffisante pour faire traduire les livres d'Ignacio Gomez de Liano ?

mardi 19 janvier 2010

vendredi 15 janvier 2010

Bhartrihari & Baudelaire (bilingue)


La poesía de Shiva en la India puede ser arbitrariamente puesta en paralelo con Baudelaire y con el decadentismo de D´Annunzio. En uno y otro parecemos descubrir un eco del renunciamiento de los ascetas, por la circunstancia de malditismo del uno, por la torre de marfil del otro. Si consideramos los dos ejemplos de shivaísmo literario que conocemos, el vagabundo Bhartrihari nos puede parecer una anticipación de la errancia estética de Las flores del Mal, y el clasicismo precioso de Kalidasa, eso sí con un poco más de dificultad, nos puede hacer pensar en el esteticismo pronunciado de Gabriele d´Annunzio. Pero si estamos dotados de una imaginación aficionada a las proezas de la interpretación, el punto más seductor es lo que los poetas indios nos cuentan de Shiva, reforzado por el hecho de que no es imposible pensar la influencia que las tempranas traducciones de ambos poetas indios hubiera podido ejercer sobre ambos poetas europeos. ¿Albergaron D´Annunzio y Baudelaire el rescoldo de alguna experiencia shivaíta de contemplación y de metafísica de lo cíclico y de todo lo que comporta el culto de Shiva? ¿Es acaso otro italiano, Giorgio de Chirico, en su pintura "metafísica" alguien influenciado por el creciente interés por el esoterismo de la India en el momento de su educación sentimental? ¿No tendría así más sentido el sarcasmo con el que se desvincularía a continuación del surrealismo y especialmente del movimiento surrealista en lo que toca al materialismo dialéctico marxista (André Bretón, etc.)? Nos sale al paso la cuestión interesante de oponer el vocablo, tan propio a los intelectuales de su época, de "compromiso", al vocablo bajo el que se reúnen los poemas shivaítas de Bhartrihari, que es "renunciamiento".

La poésie de Shiva en Inde peut être arbitrairement mise en parallèle avec Baudelaire et le décadentisme de D'Annunzio. Dans l'un et dans l'autre nous semblons trouver un écho du renoncement des ascètes, par la circonstance du mauditisme de l'un, par la tour d'ivoire de l'autre. Si l'on considère les deux exemples de shivaïsme littéraire que nous connaissons, le vagabond Bhartrihari peut nous sembler une anticipation de l'errance esthétique des Fleurs du Mal, et le classicisme précieux de Kalidasa, bien-sûr avec un peu plus de difficulté, peut nous faire penser à l'esthéticisme prononcé de Gabriele d'Annunzio. Mais si nous sommes doués d'une imagination chérissant les prouesses de l'interprétation, le point le plus séducteur est ce que les poètes indiens nous racontent de Shiva, renforcé par le fait qu'il n'est pas impossible de penser l'influence sur les deux poètes européens. Ont-ils abrité D'Annunzio et Baudelaire la braise d'une quelconque expérience shivaïte de contemplation et de métaphysique du cyclique et de tout ce que comporte le culte de Shiva ? Est alors un autre italien, Giorgio de Chirico, dans sa peinture "métaphysique" quelqu'un d'influencé par le croissant intérêt général à propos de l'ésoterisme de l'Inde au moment de son éducation sentimentale ? N'aurait ainsi plus de sens le sarcasme avec lequel il s'éloigna ensuite du surréalisme et en spécial du mouvement surréaliste dans ce qui touche au matérialisme dialectique marxiste (André Breton, etc.) ? Ainsi vient nous rencontrer l'intéressante question d'opposer le mot, si propre aux intellectuels de l'époque de De Chirico, du "engagement", au mot sous lequel se réunissent les poèmes shivaïtes de Bhartrihari, qui est le "renoncement".

Les agradezco que hayan seguido leyendo hasta aquí. Confieso que tengo una preferencia por las ideas impensables, que producen una suerte de imagen mental nueva y, por lo intensa, placentera, pero que puede no ser compartida, ya que para el sentido común aparece como una excrecencia a depurar. Hay en la experiencia mística del extranjero, como en la del maldito o el decadente, para el hombre medio, un mal olor intelectual, un atisbo de repugnancia que le hacen descartar todo valor en su discurso. Mi propósito es no quedarme en la ensoñación de una idea crítica cogida por los pelos, y profundizar en mi lectura desde esa primera intuición superficial, que pudiera responder a una realidad profunda, pero que no me encuentro preparado para demostrar. Por otro lado, ¿ por qué debiera ser mía esta idea, y ser yo la persona destinada a demostrarla ? ¿ No he hecho suficiente con asociar algunas ideas en un momento de inspiración ?

Je vous remercie de me lire jusqu'ici. J'avoue que j'ai une préférence pour les idées impensables, qui produisent une sorte d'image mental nouvelle, et, de par son intensité, plaisante, mais qui peut ne pas être partagée, puisque pour le sens commun elle apparaît comme une excroissance à expurger. Il y a dans l'expérience mystique de l'étranger, comme dans celle du maudit ou du décadent, pour l'homme moyen, une mauvaise odeur intellectuelle, un perçu de répugnance qui le font laisser tomber toute appréciation dans leur discours. Mon propos est de ne pas rester dans l'enivrement d'une idée critique prise par les cheveux, et approfondir dans mes lectures depuis cette première intuition de surface, qui pourrait répondre à une réalité profonde, mais que je ne suis pas prêt pour démontrer. D'un autre côté, pourquoi devrait être mienne cette idée, et en être moi la personne destinée à la démontrer ? N'ai-je pas fait assez en associant deux idées dans un moment d'inspiration ?

Un certain piétisme dans la malédiction pesant sur Baudelaire le met en rapport avec la religion chrétienne. Chez moi l'expérience du yoga m'a tourné sérieusement sur ma propre enfance religieuse. L'envolée vers la manie de l'esthétique en est la conséquence, cette fois-ci dans la poésie, mais aussi dans l'anachronisme du style en peinture.

Un cierto pietismo en la maldición que pesó sobre Baudelaire lo pone en relación con la religion cristiana. En mi caso la experiencia del yoga me ha vuelto seriamente hacia mi propia infancia religiosa. El vuelo hacia la manía de la estética es su consecuencia, esta vez en la poesía, pero también en el anacronismo de estilo en pintura.

samedi 9 janvier 2010

mercredi 6 janvier 2010

migas de reyes


Se darán cuenta de que soy un muerto más. No hay gran cosa que decir, todo se entiende y mejor olvidarlo. Una cierta alegría por mí, porque todo haya acabado.

O bien junto a mis despojos la desesperación de una vida latirá hasta la locura. No habré podido morir, y seré una serpiente capaz de asfixiar de amor, con los nudos de mi desaparición.

La muerte vuelve elocuente al que escribe rodeado de silencio, las memorias del adusto joven se escriben en el cementerio, cubierto de una losa y comido de gusanos. Los jóvenes se parecen a los muy viejos en la recurrencia de la infancia. Sólo la cuarentena se duele de vivir. Quisiera no presentir más. La caída del hibisco es un pozo ensangrentado... así fue la de algunos emperadores. Es extraño tener el pelo largo. Tan normal la derrota de Sansón. Qué fascinante es la muerte escrita en los ojos de Dalila, cayendo a los senos y perdiéndose en la pedrería del negro y estrellado pubis.

Los ascensores por código son tan difíciles de rezar como el rosario del ADN. Un día estás ahí, y pronto serás clonado sin saberlo.

Las mujeres sosas escuchan las mismas voces de violencia que Juana de Arco, y crían militares como Gilles de Rais. Gozaré de ver arder a las mujeres sosas. Descubriré al fin su milagroso corazón de sal. Los chauvinistas que han fundido a la mujer sosa en numerosos bronzes y la han subido a un caballo no saben que su mejor monumento es un patíbulo parecido a un falo negro cubierto de ceniza.

No me importa ser patético cuando bailo.

Peligrosos cálculos del amor. La belleza es parecida a una intoxicación, y su matemática es el delirio.

Dolor de la pintura de no poder levantarse y seguir al violinista que se aleja. Las formas saben que la música es su madre.

El arte de un peluquero puede volver loca a media Historia, si sabe el poder del simulacro sobre el demonio.

Pero si el peluquero comprendiese la raiz de su arte, dejaría calvas a las mujeres, como ocurre ya a largo plazo y a veces de forma inesperada. El peluquero omnisciente es un dios peligroso. Sólo su humildad lo salva de arruinar el planeta.

Un poco de pelo en algunas partes anuncia el primer amor. Creen terminar con la telepatía desnudándose y volviendo nuevo nudo la calvicie. Nada es transparente.

Las figuras en el cuadro son huérfanas desde que la pintura empieza a secar. Encuentro que es un acto caritativo de parte de Barceló pintar sus frutos con el aceite de unas sardinas en lata, que no secará fácilmente.

Alimentemos el papel con leche fresca antes de envejecer con las líneas de nuestra tinta china filosófica.

Varias son las Rosas y no he conocido la certeza del goze.

La geografía española se parece cada vez más, en las líneas de mi mano, a un repertorio de crepúsculos y volcanes que despiertan. Está ausente el rostro familiar en el espejo del exilio.