samedi 30 juillet 2011

intw. Salvador Dali l'hotel Meurice l'astrologie la musique...

Rencontre avec Salvador Dali



Je ferai un texte au pied. Je le jure. Tri lingual et cunni lingual. Et puisqu'au pied : podophile aussi. Mais, déjà, dites moi si ça marche, parce que moi j'ai des soucis pour le visionnage

OK NASTASSIA KINSKI-Las Ruedas (1986)

PRETTY THINGS LSD 1966

Lucy in the Sky with Diamonds (The Beatles)

Dante X (dise tant de...)




C'est comme ça tombe. Mais tout en demeurant proches de l'Italie, ou est-ce un autre lieu que Florence où nous devons trouver ce jeu d'entonnoirs qu'est la Triple Comédie ? La traversée est faite de brouillard et tourbillon. C'est cette fatigue des jeux les journées entières devant l'écran, Ciel, Enfer, difficile Purgatoire. Purgatoire à peine dans les pauses, dans les interruptions impondérables du sommeil physique, au grabat, derrière le cache-misère. D'où l'on sort sonné se rasseoir sans passer par la salle de bain ni la cuisine, la colle aux yeux. Purgatoire si méprisé qu'il nous laisse une trace épidermique, prise de sang, bouton éclaté, mycose... dont nous ne parlerons surtout pas, soit des rêves, des constats.

C'est comme ça tombe, c'est dire "c'est comme sa tombe", à Dante, qui n'est pas à Florence, mais à Ravenne. Elle aurait été profanée par des fondamentalistes musulmans. Une histoire assez risible. Tout comme les cérémonies sataniques au Père-Lachaise sur la tombe de Jim Morrison. Que cela se passe à la sereine (et je prie aux vénitiens me pardonner de leur soustraire l'épithète) Ravenne (mais ça rime), devrait montrer la monstruosité induite par la Comédie elle-même. Il manquait "la touche". N'avait-il, pour besoin d'écriture, soustrait Béatrice et Virgile à leur songe sans fin ? Que les fanatiques de nos jours, venus d'un colonialisme à rebonds, fassent à leur tour soustraction des dépouilles... là où ne tenait lieu que le mille fois répété portrait posthume, un profil fourni par la caricature du topique, toujours le même... semble la juste répétition d'une structure dantesque.

Les gestes de la parole, les figures, les gestes de l'écriture, viennent d'une violence réelle et semblent avoir la vocation d'une refonte dans le réel d'une nouvelle violence. Pour ce que je viens d'évoquer. Sinon, dans l'art, je viens de trouver un article en italien sur mon ami Alain Arias-Misson, épigone du "public poem", qui peut nous illustrer sur la façon dont, même au sein de l'Art, ce glissement (je prends le mot sans trop de réflexion... cette refonte...) est une répétition au même degré qu'un symptôme :

sette attori, ognuno con una lettera del titolo appena citato, crearono una serie di scritte davanti al Parlamento come luogo dell'amministrazione politica e dell'esercizio del potere, che partivano dal lemma «arma» - ben coglibile da tutti nella sua provocatorietà - per arrivare al lemma «amar», un augurio ironico e definitivo al regime e ai madrileni. In The public Shamanic Chapel Sistine Poem del 1998, invece, 14 personaggi, che indossavano maschere sciamaniche, si gettavano sul pavimento sotto la creazione romana di Adamo, sublime opera di Michelangelo, accompagnati da rumori animali: guardare per terra, invece che verso il cielo, fu l'azione semplice, ma efficace ed inconsueta, che il primordiale gesto produceva, sotto gli occhi stralunati di prelati attoniti. (Gian Pietro Guiotto)

Regarder par terre, et non vers le Ciel où se trouve la figure, la représentation d'Adam, nous amène au vrai Adam, celui qui est fait de boue, de porcelaine brute et d'un souffle avili.

Pour cela il faut une "circoncision du coeur", dont nous parle Aboulafia, et une distinction qui ramène notre attention de la parole (logos) au Nom (lettre ou nombre). Pour pouvoir regarder où se trouve l'homme, en vérité. Pour ne pas le chercher ou en faire le "catalogue" de son destin. Béatrice, tout comme d'autres figures féminines, est la parole qui nous donne Dante du mensonge poétique. Les lecteurs ont retenu l'Enfer peut-être en bonne santé, le Nom est dans le feu de la lettre, dans les statistiques insultantes de l'Enfer, numérations tatoués par des sadiques du poème, métaphysiques, et pour cela bestiaux, chimériques, hallucinatoires... je ne peux pas m'empêcher de penser à un chef-d'oeuvre récent, l'Enfer peuplé de soldats nazies des frères Chapman... parce que là-bas l'on n'invente La femme, l'on ne ment plus. J'y ai trouvé Vanni Fucci, dont la nomination et la désagrégation du discours, qui se dénonce et se fond dans la refonte agissante, plastique, des métamorphoses pulsantes du voleur en serpent et du serpent en voleur... donne sur la violence maximale du blasphème, presque un péché physique pour atteindre la qualité de pêché de la pensée par excellence.

Et là où se tient la métamorphose l'on manifeste des vérités, tout en sachant qu'elles viennent chiffrer l'intensité sous le tiers unitif de toute duplicité. Mais mieux qu'un oracle d'ordre analytique est qu'on retourne à l'exercice de traduction. Voici Spenser et son Faerie Queene, inspiré de modèles italiens :

Lo now she is that stone, from whose two heads,
as from two weeping eyes, fresh streames do flow,
yet cold through feare, and old conceiued dreads,
and yet the Stone her semblance seemes to show,
shapt like a maid, that such ye may her know,
and yet her vertues in her water byde,
for she is chast and pure, as purest snow,
ne lets her waues with any filth be dyde,
but euer by her selfe vnstained hath beene tryde.

Ce qui en lisant les débuts de ver donne : Lay as a fornicator butt

Viens te coucher, pour que ton cul baise

Portrait et éloge d'une statue de sel, d'une métamorphose en sculpture, d'une mort symbolique dans la duplication.

Hélas en ce moment elle est cette pierre, bicéphale dont,
comme de deux yeux en pleurs, fraîches ruisseaux coulent,
quand le froid de par la peur, et les anciens desseins incubés,
c'est quand le Marbre son semblant semble montrer,
"smarted up" comme une jeune fille, qu'ainsi du devrais la capter, elle,
quand sa franchise tu lis dans l'eau que d'elle ruisselle,
puisqu'elle est la nature et l'air pur, la neige qui perdure,
qui ne penche ses flots sur des sables parsemés de pourriture,
puisque sa forme ou son nom n'a pas encore pensé à essayer une teinture.

Le regard qui transmue les deux bouts de l'échelle de Jacob.


...

jeudi 28 juillet 2011

Sur Dante IX (et le neveu de Pic)




Béatrice, amour platonique, dolce stil nuovo, amour courtois, fol amour... Les chaînes qui se délient et nous tiennent au Ciel n'en sont pas loin du désespoir.

Merci, Madame R*********, franchement, depuis le temps que je fais de la peinture, que j'écris et essaye de poursuivre mes lectures je me vois devenir de la chair à canon. J'ai 40 ans et l'aigüe perception de me trouver en régulier échec et mat social, me nourrissant encore, comme un écolier, de pure fantaisie. J'ai grandi dans la croyance que d'avoir fait des études mettait un peu à l'abri, que l'on ne pouvait pas être tout à fait dans le caniveau... mais... non... "really smart sucker"... de la chair à canon... on s'en fout des quelques illusions épinglées par le séculaire délire pédagogique... la seule monnaie que je retire des frais (psychiques...) fournis est que je ne sois pas le seul, que je sois uni finalement à la "foule", à la "folie planétaire" dans son cri désespéré... dont acte (j'effacerai le commentaire, il n'y a même pas de "berneinung" sur facebook, qu'en pensez vous ?)


Dans le monde poétique, ni Dante ni le lecteur auraient pu s'entretenir d'une autre femme.

Ouais, Dante ici serait un écolier, et Béatrice une lycéenne, qui l'aurait dépassé de quelques astuces. De prime abord, il est perdu, de son premier et propre aveu. S'ouvre à nous quelque chose qui n'est pas du fantasme, qui est plus dure que ça, qui est en dehors des projections dont juste des rafales la caressent, que ce soit en Haut comme en Bas.

Tu veux dire le corps de la mère ?

Ouais

On raconte, j'ai entendu quelque part, je sais pas, chez des alchimistes à Seville, ou quand je discutais avec un directeur de théâtre bengali, qu'en Chine l'on prépare un dessert exquis en enterrant un oeuf pendant une année. L'intérieur doit devenir absolument noir et délicieux.

La variété de ton ? Horace a fermement condamné la variété de ton. Ecoute, j'ai mal dormi, j'ai rêvé lourdement que je trouvais la plage en haut d'une montagne, et c'était la fin. Le Pôle Nord. Proprement Divine Comédie. Tel Cerbère un ours polar s'approchait de moi, et un fou furieux qui me tenait compagnie et que je redoutais depuis la première partie de mon rêve... enfin, mélange Lewis Carroll, Saint-Georges et le Dragon, et le parapluie et la machine à coudre... Le fou et l'ours polar s'entre-tuent et moi je reviens à l'éveil.

La traduction de Risset de l'Inferno, que je peine depuis de jours à feuilleter, reste ouverte avec sa planche de Botticelli pliée. Je plonge ma difficulté pour lire sur un coin de texte, puis je remonte, piqué de "curiosité".

Drôle de curiosité.

Alors j'arrive à une strophe qui me sidère :
"Ils sont nés d'un même corps, et tu pourras fouiller toute la Caïne, tu n'y trouveras pas une ombre plus digne d'être figée en gélatine; (...)"

Déroutant ne soit que par le fait de trouver une rime sur les vers blancs de Risset. Je propose d'écrire, si l'on veut éviter cette titillante consonance, plutôt :

"Ils sont nés d'un même corps, et tu pourras fouiller
tout le paysage de Caïn, tu n'y trouveras pas une ombre
plus digne d'être figée en gélatine"

Ce qui me donne envie de ressortir le volume en italien :
D'un corpo usciro; e tutta la Caina potrai cercare, e non troverai ombra degna piu d'esser fitta in gelatina

Je pars :

Je comprends qu'on ne puisse
à présent lire des rimes qui endormissent,
trop suivies, trop longtemps.
Sur un lourd volume
les mots chantants
l'attention consument.

Voici que, sur un ton moins ferme, moins exigeant, l'on peut poursuivre cet essai sur Dante. Tellement de fard... au Ciel, en Enfer. Peut-être il n'y a que le passage au Purgatoire... qui est grave. Les lettres françaises sont comme-ça aussi, je lisais récemment de bons poètes, Ponge, Jouve, et même Michaux, et j'avais la sensation d'un bonheur de faganon.

Des chefs-d'oeuvre qui peuvent nous sembler, avec les allées et venues du livre physique, quelque peu "smelly".

Cette histoire de déluge, d'inondation qui vient abîmer une bibliothèque...

Et puis la mort d'Octavio Paz, qui s'est effondré dans la déprime (il était déjà âgé) quand l'ensemble de ses livres a pris le feu pour la deuxième fois, après un premier incendie qui l'avait forcé, j'imagine, à refaire péniblement sa collection...

C'était le feu.

Quoique...

...il n'y a pas de feu "au passé".

Ayant voulu sertir soigneusement (à l'origine) mon essai de considérations latines de Pic de la Mirandole, je ne peux justifier ma paresse qu'en citant son neveu (...?...?,!!...), acheté par erreur.

De imaginatione

Expertus et ego in Johanne Thoma filio eiusce modi res identidem ei a vidua quapiam narratas fuisse in causa ut non solum a plerisque imaginationibus vanis, quas septennis aetas qua etiam maturae aetati convenire posse videntur renuerit, spe magna fretus scandendi caelum ad illas res contemplandas quas imaginatione concepit. Eius modi namque imaginibus moventur impensius pueri quam persuasionibus ullis aut rationibus, quarum minime capaces sunt. Quis enim ambigat pueros ab patrando homicidio abhorrere vehementius, si in eorum phantasiam irrepserit effigies hominis cruentati crudeliterque perfossi dilaniatique, si metus invaserit apparendi eius, atque se, vel nocte, vel interdiu, cum solus erit, persequendi, quam si Dei naturaeque praeceptum proponatur, nocendum nemini, quam si id ingeratur, quod divina lege cautum est, ne quis auctoritate propria quemquam trucidet ?

Ouais,ouais...

J'ai la traduction; mais le copyright et tout ça, je sais pas...

En lisant cela nous sommes tellement en proie aux télescopages que l'on a du mal à croire à ne soit que "l'authenticité" du texte, tout en ressentant comme une profonde trahison à l'esprit de la Renaissance l'exploit pédagogique de Pic le neveu avec son fils Jean-Thomas. Il est certain qu'à la première lecture j'ai trouvé charmant ce détail auto-biographique, en passant, cette apparente "notation"... mais... c'est déjà les Exercices d'Ignace de Loyola, l'Emile de Rousseau, le brain-whashing, un je-ne-sais-quoi d'actuel, la propagande qui se prépare. Le raisonnement m'aurait semblé ajusté à la philosophie, si l'emphase n'avait été tellement mis sur la conduite, sur le dressage. Peu avant, le même Pic nous livre un bout de phrase que j'ai souligné, pour ne jamais le perdre de vue : ut equus faleris et tubarum sonitu, blanditiis canes. Et bien, tout en faisant confiance à cet ouvrage dont j'ignorais l'existence et qui se confond si insidieusement avec mes fantasmes (op.cit.), le neveu de Pic de la Mirandole aurait été tout comme le peintre Botticelli (sur lequel je veux en revenir, en tant qu'illustrateur de Dante) parmi les sympathisants du fondamentaliste chrétien florentin Savonarola. De quoi boucler la boucle.

(la lecture s'étire encore sur ce lien pour cliquer)




...

si


si
Paris
gris
pero tibio
raro
ll
ll

mardi 26 juillet 2011

lost poem


lost poem in the cinder of fotographs
nine pills a day to pay memory the skin of these eyes
making babies in a voiture madness
rust and dust to recover a past that hides
the man must have a rest and the Sierra will be warm
nor you do know than him the deer hunt be sweet
the broid of a spider percussion on your face
nine truths on effective peyotl to learn faster yet
these are reflections on a moving pound you told
lost poem to tell again a slow motion pain haze
cunts and sperm a teacher a saint
cunts and sperm salt and pepper fried egg
cunts and sperm Jesus Christ on a boat indian of the plains
you
you
you
cactus eating friend
sculpture appeal in a landscape
pulpous kiss of happyness

Let’s forget La France
cultivated water on the WC trash actors at the Elisée
no stone no grass no brain
together to piss in the night to cross the Père-Lachaise
let me live your life the TV said
let me possess your eyes said the CLAVIER
and the medecin-man sleeping on a mush-room INONDÉE

I had a nightmare today
in the passing of a song my favourite musician married a cochon
her image appeared everywhere and mostly the cochon
I finished sleeping with the beat “ILS SONT ARMÉS”

Fear God do not missaround
insurgé sound flushing blood from ear to ear
a fever cured with gaz and tears
do not missaround do not touch ground on the pound
as the croissants and the whores give you a smile le matin
be sure you’re right when you’ll die tonight of a pill overdose

Cracking chair the air of fair

you desire to awake elsewhere

don’t you want to be there ?

The Moon waiting upstairs

dressing your chest’s hair with a bit of dispair

the toon is simple, yes sir

Paradise and Hell who cares ?

A musician use to be boring and unfair

as abuse of music is mystically a bon affaire

Otium nostrum magnum est negotium

Father don’t you think is time to go to sleep ?

Your cell breaks out to bip you’re listening FIP

and I like to peep you’re lonely consolation

feeling serenade je vous fais part of an off office mood
fixe idée nom prénom asthmatique
NO CREERAS EN COSAS QUE NO EXISTEN
MON CONTRAT D’ASSURANCE ME REND INSECURE
à scander lentement
sur un fauteuil noir et blanc
SUNRISE OVER HELL & HOUSE OF DOLLS VS TON CV
RESPIRE JUSQU’AUX BONES car ceci est ta HOME
hard shapes the dawn spared knows
errors are castles and battle-falls with no order
if error use me if error I’m here
communion communiste départ pour Sibérie et la plage
(Fanfan La Tulipe et la pipe de tes fans COLEGA)
spitting inside a paper cheaf not supposed to write
a leaf in love is less than smoke for joke sadness is high
feeding the bare bakers of the bar Haldol drop by drop and vinegar and mustard green of Japan
as I see my thought arise in signs on the screen
as I pin my nerves to no dream
who are you Father in this Art of chess ?
suspected to be is a bee lady by
panther by father bride exterior
will you die to my eye to my lies ? Salomon and his wisdom
you took it easy cat in blue
your meaning seems to be Les litanies de Satan
or whatever moisted fuck of your past
full color scroll turning fast
black magic star on the wall
having the lesson of the frying-pan
painting undone singing sin silenciously
this is music this is kind of MY KIND NO KIND
this was a poem and listen what you’ve done as you’re gone
to M*** to H*** to LOVE

birds try to talk, as castles try to walk
all covered with ANGST oh grow plant, grow
dove Sun Uranus Pluto more tequila to solve the test
stress is for free, you can go zen in the West
make a vow to the tree just for fun
finish your poem and run

=^..^=

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samedi 23 juillet 2011

migas del ánimo, II.


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Babel existe porque Dios, a esas alturas, pensaba ser desconocido.

Interstellar Overdrive : cantar es lo que no puede hacer el Laocoonte.

Back to black : ya lo cantaste ayer.

Merry Blues : Merry Henri, Merry Miller.

Un nudo en la garganta con esa canción. ¿Había que hacer todos esos papeles en la Prehistoria? La crisálida rota, dolor de la mariposa. Te vestí como un eslavo y di en el clavo.

Ausencia de América Latina del imaginario televisivo.

La filosofía fuera de la universidad es como el uranio fuera de la central.

El azul criptonita del miedo, la ciencia de Hécate Pharia.

Sueños republicanos son pesadillas.

El único que sabe lo que dice la bruja en su fiebre nocturna es el macho cabrío.

Volvamos a los tiempos heroicos, Lucy. El hueso por sustento y las estrellas.

La bufanda, la placenta... búscalas en la cruz.

La japonesa del favor inquietante, el tartamudo escribe haikus.

La pobreza... ¿la desea usted lenta o rápida? ¿despierto o dormido?

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jeudi 21 juillet 2011

migas del ánimo


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Y si a uno de los muchos que están entre los hombres tomo por hombre...

Un pensamiento sobre el que se pretende y que es friable, deletéreo, porque todo nuestro peso pretende en él.

O la musculatura aproximativa de la pintura, o la piel secreta y la excelencia de la música. Nos parece la casa inundada, arruinada y desierta sin alguna de las dos.

Creencias en cosas que no existen... pero, si alguien pudiese existir en París...

It is so easy to do nothing when you are busy night and day. (Steppenwolf )

No se puede enterrar un corazón roto, porque vuela alto.

Un mal médico es inmortal. Y peligroso.

Tres cosas son diabólicas. Aprésalas en tres rosas.

Amo al demonio como a mi prójimo. Jesús me hizo amar a los cerdos y verlos precipitarse en el abismo.

El sabio no tiene intimidad, ni tampoco éxito.

Iros a mi tierra, allí os recibirán mejor que a mí, yo permanezco en vuestro sofá.

Nefertiti reprochaba al erudito la diferencia de edad.

Todo es verdad en el cuerpo.

Otra iluminada, se dice el tarotista. Hay que dejarle hacer, y nos pone a todos calientes.

Obsceno es el paisaje urbano y su oro sucio y sus medidas blasfemas.

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mercredi 20 juillet 2011

Sur Dante VIII



Je crains, comme l'autre, d'inventer la roue au XXIe siècle, avec les rapprochements dont je me surprends moi-même, mais qui pourraient être fatigants pour pas mal d'entre vous. Du moins, je me dis ça sur le coup de me mettre à nouveau à écrire, et quelques hésitations, quelques scrupules surviennent... mais à vrai dire je m'amuse à vous taquiner de mes scrupules chaque soir, en reprenant mon texte et je savoure l'acte d'écrire, pour d'emblée ne rien dire. Ce qui est ressenti comme une torture par la plupart de ceux qui écrivent, par exemple, une thèse doctorale, id est, les réflexions méthodologiques, la paperasse des idées, dévient pour moi la matière dans laquelle je prends le bain d'argile vivifiant d'une délectation morose. Ailleurs, me voulant platonicien et même gnostique, je répétais que la matière en tant qu'origine du mal était foncièrement manifeste dans le phénomène actuel de la bureaucratie, sous tous ses aspects et facettes. Et voici que la vie me tord vers la matière dans l'usure du poème, dans un matérialisme inouï.

Ah, quelle jeunesse j'ai eu de maladroit gourou précoce... "La Matière est d'ordre bureaucratique" ou "Il est préférable de lire le Laberinto de Fortuna (1444), de Juan de Mena, qu'en tant que Divine Comédie espagnole est supérieure à l'italienne (la raison étant qu'elle était plus courte et moins compliquée)"...

Je n'aurais de quoi me repentir, puisque, après une "octava real" (ABABBCBC) consacrée aux dédicaces, Mena démarre fort en vouant sous des allures convenues son oeuvre à une déesse disruptrice, proche de toute sensualité, de tout matérialisme, puisqu'on en est là... Fortune :

Tus casos fallaçes, Fortuna, cantamos,
estados de gentes que giras e trocas,
tus grandes discordias, tus firmezas pocas,
y los qu'en tu rueda quexosos fallamos.
Fasta que al tempo de agora vengamos,
de fechos pasados cobdicia mi pluma
y de los presentes fazer breve suma,
y dé fin Apolo, pues nos començamos.


Et combien fort reste ici le vitriol lancé sur son modèle réputé et présumé, la Comédie. Lorsque Dante s'appuie sur l'énormité monstrueuse de la Somme de Thomas d'Aquin, Mena veut une "breve suma", lorsque l'action de la Comédie a pour sujet la "vie future", Mena se réclame des "fechos" passés et présents, il déclare sa "cobdicia" et, enfin, il veut la nuit ("et finisse Apollon, car nous commençons")...

Je voudrais aussi faire état du début d'une autre construction allégorique espagnole, due à Diego de San Pedro, qu'est Carcel de amor (1492), ou pour mieux dire, l'ouverture du livre, puisque ensuite la narration dévient épistolaire :


Después de hecha la guerra del año pasado, viniendo a tener el inuierno a mi pobre reposo, pasando vna mañana, quando ya el sol quería esclarecer la tierra, por vnos valles hondos y escuros en la Sierra Morena, vi salir a mi encuentro por entre vnos robredales do mi camino se hazía, vn cauallero assí feroz de presencia como espantoso de vista, cubierto todo de cabello a manera de saluaie. Leuaua en la mano yzquierda vn escudo de azero muy fuerte, y en la derecha vna ymagen femenil entallada en vna piedra muy clara, la qual era de tan estrema hermosura que me turbaua la vista. Salían della diuersos rayos de fuego que leuaua encendido el cuerpo de vn onbre que el cauallero forciblemente leuaua tras sí. El qual con vn lastimado gemido, de rato en rato dezía : "En mi fe, se sufre todo."

Une fois faite la guerre de l'an dernier, en venant avoir l'hiver à mon pauvre séjour, et passant un matin, alors que le soleil voulait déjà éclaircir la terre, par quelques vallées profondes et obscures à la Sierra Morena, j'ai vu sortir à mon encontre par les chênes où mon chemin se faisait, un chevalier si farouche de présence comme épouvantable de vue, couvert tout de chevelure à la manière d'un sauvage, et dans la dextre une image féminine entaillée sur une pierre très claire, laquelle était d'une si extrême beauté qu'elle me troublait la vue. D'elle sortaient divers éclairs de feu qui prenaient sur le corps d'un homme qui était traîné de force par le chevalier. Et il disait de temps en temps, avec un langoureux gémir : "Dans ma foi, l'on souffre tout".

Ce premier paragraphe va plus vite que Dante, tout en nous faisant songer aux vers initiaux :

Nel mezzo del cammin di nostra vita

mi ritrovai per una selva oscura


chè la diritta via era smarrita...


Ensuite Diego de San Pedro met en scène sa confusion devant les visions qui se succèdent naturellement, "la dubda", son anxiété... Le farouche chevalier chevelu a pour nom Désir, principal officier de la Maison d'Amour. Il cause les "aficiones" avec la beauté de l'image, et il brûle les vies... avec les "aficiones"... tout en conduisant mourir le prisonnier à la Prison d'Amour.

Il passe seul la nuit dans la Sierra, plein de doutes.

Il trouve une tour à base triangulaire en marbre pourpre... aux trois coins : "vna imagen de nuestra vmana hechura de metal, pintada cada vna de su color : la vna de leonado y la otra de negro y la otra de pardillo"... encore la vision d'un aigle... puis il trouve une porte en fer, et pour entrer il doit déposer les armes avec lesquels le coeur souvent se protège de la tristesse, "Descanso y Esperança y Contentamiento"... jusqu'à trouver l'amoureux supplicié sans repos et recevoir de lui la lettre qui ouvre l'épistolaire, non sans avoir basculé dans un superlatif fébrile...

Il est à remarquer, pour ce qui touche à la qualité fébrile de l'allégorie, si on la compare avec celles d'un Francesco Colonna, l'allusion, parsemée de remarques sur l'état de confusion de l'auteur et lui-même témoin, au "cerveau transpercé des épines d'une couronne de fer", qui fouillent dans les viscères de la pensée et que l'amoureux supplicié repousse, dans un trait tout à fait hallucinatoire (non sans parallèle avec les dessin animés japonais de nos jours), par la force de ses boucliers d'énergie vitale...

(la bande illustrée Sur Dante s'enroule encore autour de ce lien pour cliquer)


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mardi 19 juillet 2011

Sur Dante VII



Je vous disais que mon approche de la Comédie n'était pas intellectuelle, qu'elle était romantique. Or l'écrivain romantique par essence, tout comme un peu le peintre (songeons aux désordres dans la couleur de Delacroix, qui nous semblent réussis seulement après des désordres plus intenses et d'après-coup), l'écrivain romantique perd son temps, lit passionnément mais il se doit de manquer de rigueur. Je sais que, cependant, le savant romantique reste un savant à juste titre, mais on en est pas là, on est parmi les artistes, les bohèmes, dont l'écriture parvient bruyamment et la peinture se tord affreusement.

Dans cet ordre des choses je me permets de vous parler de ce que je n'ai pas lu. La Comédie tout d'abord, puisqu'on en est là. Ensuite tous les livres desquels je viens de parler. Des livres qui, pour comble, je possède, même mouillés, pour la plupart. C'est pour cela que je tiens à ressortir la traduction bilingue de Guido Cavalcanti en espagnol par Juan Ramon Masoliver. Dans sa préface il fait part des souvenirs qu'il garde d'Ezra Pound en train de traduire en anglais pour l'énième fois Cavalcanti, à Venise, Albergo Rapallo, dans un studio bordélique donnant sur la mer. Les rimes internes dont il fait état m'avaient poussé à en faire moi-même. En même temps, Masoliver parle beaucoup des rapports entre Dante et Cavalcanti, et du regard sceptique de ce dernier sur les aspirations platoniques de Dante. J'ai lu dans la colonne italienne le poème le plus connu de Guido Cavalcanti, "Donna mi prega", définition de l'amour qui contient une ironie et un jeu sérieux propres à un athée profond et réfléchi.

Je sens l'envie de relire ce poème et, ne pouvant m'empêcher de m'entretenir d'écriture, j'aimerais vous livrer un "draft" de ma propre traduction française.


Donna mi prega, perch'io voglio dire

d'un accidente, che sovente è fero,

ed è si altero ch'è chiamato amore :

si chi lo nega possa 'l ver sentire.



Une femme me questionne, pour elle je veux dire

d'un accident, qui survient souvent et féroce,

et qui est si altier que d'amour on s'en réfère :

celui qui le dénie puisse les vers sentir.


Ed a presente conoscente chero,

perch'io no spero ch'om di basso core

a tal ragione porti conoscenza :

ché senza natural dimostramento

non ho talento di voler provare

là dove posa, e chi lo fa creare,

e qual è sua vertute e sua potenza,

l'essenza, poi ciascun suo movimento,

e'l piacimento che 'l fa dire amare,

e s'omo per veder lo po mostrare.


Des ci-présents connaisseurs je somme,

je n'attends que d'homme au coeur avili

à une telle raison connaissance en donne :

qu'en absence d'une démonstration naturelle

je n'ai pas de talent de vouloir, fournie, la preuve

d'où repose, et qui le fait créer,

et quelle est la sienne vertu et sa puissance,

l'essence, puis chacune de ses mouvances,

et la plaisance qui fait qu'on l'appelle aimer

et si l'homme pour regarder le peut montrer.


In quella parte dove sta memora

prende suo stato, si formato, come

diafan da lome d'una scuritate

la qual da Marte vène, e fa demora.


Quelque part où s'assoit mémoire

il en prend son état, formé comme ça, comme

diaphane du trouble d'une obscurité

qui de Mars vient donnée, et y fait demeure.


Elli è creato ed ha sensato, nome,

d'alma costome e di cor volontate.

Vèn da veduta forma che s'intende,

che prende nel possibile inteletto,

come in subietto, loco e dimoranza.


Ici en est créé et porte un sens, un nom,

costume d'âme et de coeur volonté.

Il vient de la vue d'une forme entendue,

qui prend dans la possibilité intelligence,

tellement dans le sujet, que dans le lieu et proche distance.


In quella parte mai non ha pesanza,

perché da qualitate non descende ;

resplende in sé perpetüal effetto :

non ha diletto, ma consideranza,

si che non pote là gir simiglianza.



De sa part jamais y aurait pesanteur,

puisque en qualité ne consiste ;

splendide en elle l'effet perpétuel :

il n'a pas de délice, mais se considère,

ainsi que ne peut là se faire simulateur.


Non è vertute, ma da quella vène

ch'è perfezione, che si pone tale,

non razionale ma che sente, dico.


Il n'est par vertu, mais vient d'elle

qu'est perfection, qui se pose telle

irrationnelle mais sentante, je dis.

For di salute giudicar mantène,

ché la 'ntenzione per ragione vale :

discerne male in cui è vizio amico.




En dehors de toute santé maintient-il le jugement,

que l'intention pour raison convient :

mal discerne en qui le vice est ami.


Di sua potenza segue spesso morte,

se forte la vertu fosse impedita

la quale aita la contraria via :

non perché oppost'a naturale sia,

ma quanto che da buon perfetto tort'è,

per sorte non po dire om ch'aggia vita,

ché stabilita non ha segnoria ;

a simil po valer quand'om l'oblia.


De sa puissance suit exprès la mort,

si forte la vertu fusse empêchée

qu'elle voyait satisfaite la contraire :

non pas parce qu'elle s'opposasse le naturel à en faire,

mais pour autant que du bien elle est le parfait tort,

pour la sort je ne peux dire d'homme qu'ait de la vie,

sitôt que stabilité non a seigneurie ;

pour similitude l'homme peut servir dès qu'il s'oublie.

L'esser è quando lo voler è tanto

ch'oltra misura di natura torna ;

poi non s'adorna di riposo mai.


L'être existe quand le vouloir est tel

qu'outre-mesure de nature il se détourne ;

puis ne s'orne de repos ni d'urne.

Move, cangiando color, riso e pianto

e la figura con paura storna ;

poco soggiorna : ancor di lui vedrai

che 'n gente di valor lo piu si trova.


Il meut, en changeant la couleur, le rire et les pleurs

et la figure avec la peur il trouble ;

il demeure peu de temps : encore de lui vous verrez

que chez des gens de valeur le plus souvent il s'y retrouve.


La nova qualità move sospiri,

e vol ch'om miri in non fermato loco,

destandos'ira, la qual manda foco

(imaginar non pote om che nol prova),

nè mova già pero ch'a lui si tiri,

e non si giri per trovarvi gioco;

né cert'ha mente gran saver né poco.


Neuve, sa qualité meut aux soupirs,

et veut que l'homme se voit dans un lieu non fermé,

là l'ire se délie, et elle ordonne le feu

(imaginer ne peut l'homme qui ne le goûte)

pour qu'il soit calme et ne dispute de lui cuire,

et ne s'en prenne à lui pour l'incendie du jeu ;

n'est certaine la tête à grand savoir ou peu.


De simil tragge complessione sguardo

che fa parere lo piacere certo ;

non po coverto star quand'è si giunto.


De semblable tenue l'allure regarde

qu'elle fait apparaître le plaisir certainement nu ;

ne peut couvert rester quand il est si collé.


Non già selvaggie le beltà son dardo,

ché tal volere per temere è sperto :

consegue merto spirito ch'è punto.

E non si po conoscer per lo viso :

ch'om priso, bianco in tale obietto cade ;

e chi bene aude, forma non si vede ;

dunqu'elli meno che da lei procede,

for di colore d'essere diviso ;

assiso in mezzo scuro luce rade.

For d'ogne fraude dice degno in fede

che solo di costui nasce merzede.


Les beautés nous dardent, non plus sauvages,

que du vouloir sont adroites en désespoir ;

l'esprit qui en est atteint son mérite obtient.

Et ne peut se connaître par la vue :

que l'homme en étant pris, blanc et pâle tombe en tel objet ;

et qui bien entend, forme n'en est vue ;

donc moins celle qui de lui en est venue,

forte de colliger couleurs d'essence divise ;

assise au crépuscule elle radine sa splendeur.

Forte de tous les fraudes la beauté dit digne de foi

seul celui-ci dont le merci trouve sa naissance.


Tu puoi sicuramente gir, canzone,

là 've ti piace ; ch'io t'ho si adornata

ch'assai laudata sarà tua ragione

da le persone c'hanno intendimento ;

di star con l'altre tu non hai talento.


Tu peux assurément divaguer, mon cantique,

va où ça te chante ; que je t'ai orné ainsi

qu'assez louée sera la raison tienne

de toutes les personnes qui détiennent le critère,

pour plaire aux autres, tu n'en es qu'un nul apôtre.


Cette vision sceptique ou épicurienne vient nuancer la simplicité apparente de l'expression platonique de l'amour chez Dante en tant que sublime moteur de l'univers. Cavalcanti vient nous rappeler qu'il en est du pathos, de la hybris... A mon avis les lectures d'Epicure dont il était réputé, et qui ont motivé la flèche du parthe de Dante quelque part dans la Comédie, ne contredisent en rien le platonisme italien, mais l'approfondissent.

(cliquez pour la suite, s'il vous plait)


...

dimanche 17 juillet 2011

Nigra Fair (Fortunate Mortal)


(click here to hear the track :
)


Fortunate mortals / "Nigra Faire" texte: Manuel Montero. production auddie. voix Tim O'Laughlin'

)

Nigra Fair was followed by a number of Gods, fortunate mortal

as Faire are to be in head of godship as we call godhead.

Black gods were devoted to humanness and to labour and the metal

of first creators First Nigra Fair inside were on the hollows of head.

Gods were booden swords of fight against spirit, or illness or madness

of men intruded to adult mankind and of fight against the rapture of children by fate.

You muste be intruded to which they ate

and to sensual sadness

of ancestral birds dialogue and its fairie signification.

Hate was a delicious drunkenness to give to oneself

such they were made in manner of style of each nation

Stronger than one sole nation was Nigra Fair

and she employed herself to various matters and prayers.

Witchcraft occupated her in a non-stop war.

She was known by sorcerers as a betrayer

kind of beberage, as a charm over the charm,

and therefore they smiled of their defeat.

Eating lions was in her sound !

.

The African diaspora or this first Nigra rapture by white devil

left a falling swing of kind and wise in her,

but stronger than one sole nation she could move earth

and times become faster and the Abraxas of voice expanding

power and unavoid the dance and the hunting of pleasure.

.

The knight was told by latin books that this Fair

was far in the horizon womb of death and birth

and must be known firstly as magic companion

and be respected. Mental image was useless

onions of paperback and the kings of any pleasure.

The knight sang a fair calling on the mountain road

and founded a castle on a fishing net and a moon

reflected by dust, and some superstitions on sacred,

as he knew in flesh a goddess and was told

the music of repeated O and the coloured dawn of an opium flower

He and She equally artists, black and white fotos

united them both in the kiss of the unique moment

and of scissors of witchcraft in order of composition.

Insistence on a work made heavy colors and distortion

of pelvis in the search of union with eye of sex.

The stranger fair appears in the land of tired

so is said by prophecy and my tips percussion so anounce.

The beberage of slavery is not expensive to forget

and is like a greek voluta or a vicious fight in bed.

.

Revolution of planets onto a lot of stercoris

persistence of life in a living town

milk of snow terror lust

conversion onto foolish apocalyptical

accomplished by war sphere strenght to betray

unsayeble glances of fortune statues

my dream evening coffee sky and cold fire of she-planet

*

lundi 11 juillet 2011

The Ramones-Commando

Sur Dante, VI




Il est tentant de faire ici comme Ignace de Loyola et noter froidement qu'à la vue des dessins de Botticelli et de la traduction de Jacqueline Risset je viens de pleurer. Je regardais Béatrice et Dante entourés des feux follets du Paradis, sur une planche, et sur une autre, avec des légères modifications dans leurs gestes ébahis, l'une signalant ceci ou cela, l'autre la main au menton, ou se couvrant le visage, suivant à tâtons la belle, et encore la même chose, ou pareil, sous chaque ciel, des petites annotations parfois sur une des nombreuses flammes en cercle la signalant comme "Adam" ou autre, sans plus. J'écoutais en boucle la tarentelle del Gargano (cliquer ici) et pensais au sort du monde, aux jeunes anarchistes grecs emprisonnés, sur lesquels va savoir pourquoi je projette tant de fantasmes, et enfin j'ai compris la lourdeur et la rage qui parcourt ce poème qui se veut "divin" et qui en est si maladroitement humain, si imparfait, le chef-d'oeuvre le plus imparfait que j'ai pu lire dernièrement, celui qui à mon avis a le pire vieilli.

Les raisons de Dante si obsolètes, ses occurrences si nulles, ses invectives et sa fausse dignité… Il faut remonter à des guerres et des haines, à tout un lot d'horreurs et de honte, et je me suis dit que pour peu l'on était plein dedans, dans cette réalité mondiale qui nous mettra à mort pour une pacotille d'avenir, pour un avenir aliéné. L'emphase s'installe tel un mécanisme hivernal. Les tyrans n'en sont moins ridicules, leur pompe pour écraser les faibles, leurs arguments incontestés et leur commode unanimité pour emprisonner ceux qui osent leur faire face, comme il se passe pour les anarchistes grecs avec leur fragile envoi désespéré ou les frondeurs immigrés de la banlieue. La honte des expulsions de gitans, la cupidité du contrôle absolu. L'on se rend compte qu'on serait forcé de réécrire le Paradis avec la même bile et la même rage que le lourdingue de Dante, hélas. L'on ne pourrait pas faire autrement. L'on glisserait pareillement ses conditionnements, l'on glisserait pareillement ses quelques joies risibles et misérables. Puisqu'on ne peut approcher la mort qu'avec encore plus de misère que ceux qui ont déjà trépassé avant.

Mon volume de Jacob Burkhardt, qui m'avait ouvert les yeux sur l'histoire de l'Italie, était à l'atelier quand l'eau tombée d'un orage et la radinerie budgétaire d'un architecte philanthrope ont inondé tout. Mes livres sont en partie pourris. La Divine Comédie était avec moi tout ce temps à la clinique, dans la sidération d'un traitement qui me permettait à peine quelques minutes par jour de concentration. Eve m'avait apporté en cadeau, croyant que j'allais sortir au bout d'une semaine, l'édition de Diane de Selliers. J'étais arrivé en portant une balise avec l'édition du Paradis bilingue de Philippe Guiberteau, l'édition italienne de Giuseppe Vandelli, le Dante illustré de William Blake, l'édition du Triomphe de la Mort du Camposanto de Pise par Luciano Bellosi, superbement illustrée, la Bible du Mal de Malcolm de Chazal, les 900 conclusions de Pic de la Mirandole en latin et en français traduites par Bertrand Schefer, deux vieux volumes en latin très lourds de la Somme Théologique, l'Apocalypse de D.H.Lawrence, celui de Ludivine Allègue, et puis le Dracula de Stoker en anglais, que je considérais utile pour complément. Je suis resté presque vingt jours, tout en sortant presque de force en compagnie d'un avocat.

J'avais quand-même droit à un goulag de luxe. Le poignard du tortionnaire était en or. Comme au Paradis de Dante. Ce n'était pas Sainte-Anne, on me répétait dix mille fois par jour. Ce n'était pas Sainte-Anne. La misère était enfouie bien au dedans de mon désespoir. Je ne savais pas où cacher mon livre situationniste de Jean-Marc Mandosio, ni l'édition new-yorkaise des Cantos de Pound, que je jugeais sur le coup affreusement suspects. Je pensais au milieu de tous ces soins que la raison de mon enfermement n'était que politique. Une artiste peintre chinoise qui partageait le privilège de cette prison exceptionnelle depuis des années m'avouait qu'elle n'attendait que de se trouver enfin au Paradis, et elle regardait de ses yeux d'amande les nuages en haut cloîtrés par les murs, après tant de nuits dans l'amertume des larmes stériles, de larmes dont elle parlait avec une émotion précise et bizarre, et tant de journées remplies de vide bon-enfant et de souriante soumission. Ce n'était pas Sainte-Anne. Je pensais à son égard à Sainte Catherine de Sienne, qui s'exprimait avec le même élan poétique et le même désespoir. Par la suite, nous nous sommes évités, la sainteté étant par dessus tout une démarche sale, importune. J'assimilais un savant mélange de culpabilité et d'irresponsabilité, un stupide besoin de pureté. La sortie étant une question incertaine et abstruse, j'inventais ma maladie. On avouait tout et son contraire, à longueur de journée, nous étions en observation. Les infirmières les plus jeunes partaient avec la moindre confession quelque peu trouble comme avec un trophée, en courant pleines d'allégresse.

Frisant la tautologie mon aveu récurrent était : "je me sens… euh… poussé à l'aveu". L'on m'avait surnommé parmi le personnel médical "Manuel, l'intellectuel". Fameux compliment qui me donne encore la nausée. Je partais parfois dans des théorisations compulsives, comme lorsque j'expliquais au médecin que malgré les médicaments qui m'envoyaient dans une espèce de Disneyland de la folie, c'était l'hôpital lui-même le médicament qui avait le plus d'effets secondaires.

Teatro de Azufre






Madame Edwarda





Narcisos diversos









Entretiempo