Sur les autoportraits en Enfer

"retour de Gabrielle..." (je ne sais pas si une quelconque interdiction pèse sur les lettres qu´on reçoit, mais en attendant...)

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Texte étrange, qui me semble venu du monde d'Artaud et de Glenn Gould. Et pourtant, j'en ressors avec des images d'un autre temps, des décors baroques, des velours rouge sang, du vieil or. J'ai trouvé cette nouvelle moins hermétique que les textes plus récents, et j'en ai profité joyeusement pour la lire jusqu'au bout. On oscille entre le réel et l'onirique, on sent celui-ci prendre progressivement le pouvoir, recouvrir, engluer le réel comme une grosse couche de gouache recouvre un tableau. Le personnage principal semble très seul, coupé des autres vivants par l'angoisse, mais son monde, riche à l'extrême, presque étouffant, est rempli d'auteurs, d'images et d'idées. L'écriture est belle et singulière. Mais je trouve que le texte finit trop brutalement, comme pour se débarrasser de lui-même. Il y a quelques maladresses syntaxiques, pas grand chose, étonnamment, quand on sait que l'auteur est de langue maternelle espagnole. Dommage qu'il y ait toujours cet aspect décousu qui perturbe nos habitudes de lecture. Sans doute faut-il accepter d'être perturbé pour accéder aux trésors de Manuel Montero.