*
C'est l'heure de l'oeuvre
la femme et l'homme se joignent au cadavre
le remords de nos pères
nous divise tel un sabre.
Mais j'ai fait venir des livres
j'ai campé avec quelques bagages
pour avoir le temps.
Une guitare miaule et un chant fait des arpèges
des livres ouverts magnétisent la tente
les sottises et les grosses mensonges
du vent et de la grèle
le survol de l'absurde
me suivent depuis ma confuse ascendance,
je sors au bruit dans la ruelle
et je discerne l'ombre d'un homme
la dernière visite du père
qui m'apporte un crâne
pour la dernière expérience
pour la dernière pensée de la femme.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
parmi les livres fous de la philosophie
Je vais dans la chair
de la gorge et du ventre.
Je vais dans l'ombre
à l'aisselle et au creux nombrilique.
Je vais au centre
du nombre
central
de ta ceinture toujours ponctuée impair
et je connais de l'Inde le pli triple
au vent de la fenêtre liminal
au vent de mes poils
profanant comme des brosses
le parfait tableau du rose de ta peau.
Le don du père
objet d'expérience
est lourd de méditer la femme
et le crâne se fait ventre
et se fait pied
comme un prélude de la terre
profonde sous nos pieds sous la ville
qui n'ont connu jamais l'air
qui sont privés du sel de la plage
qui sont dans la prison d'une chaussure
chaque jour plus obscure
chaque jour plus vile.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
dans le gris boulevard de l'entropie
Le crâne suggère
une mamelle surprise
une chemise
ventrue et odorante
la lumière
la soif lancinante
du sexe qui signale l'exil
qui soustrait l'esprit
dans l'emprise d'un amour
délétère.
Mes amis de circonstance
les livres du hasard
étaient des soudaines montagnes
un horizon magnifique de Cocagne,
de poussière et d'or. Et d'un vol de moustique
je montais aux astres noirs et flegmatiques
et comprenais le Tasse fugitif,
les lois d'Aristote écrites dans la main,
la vocation d'angoisse de la gorge de Huysmans
connu des femmes,
les flammes
des dragons de la Chine qui sont comme des pins,
les moisissures malsaines d'Isis à Paris,
le pain et l'eau de la faim
des lesbiennes américaines
et du Purgatoire de Catherine et de Dante
le fond fictif.
J'avais le choix du Cinabre de Chine
et du rouge de vipère.
J'avais le coton du Titane
comme les seins d'une gitane,
toujours excitant,
toujours sévère.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
dans le temple de l'art et de sa lie
Tout était stable
tout était prêt à la folie
du sommeil qu'ignore
les coups dans la porte
pour un nouveau départ.
Je ne pourrais jamais prendre racine
sans tes soins maternels
déesse parisienne au bijou rouge
un coeur transparent
transpercé d'une tour de postal,
ton arc de triomphe et d'hospitalité
le sourcil que je dessine
frémissant à ta vue,
à ta vue le sourcil de triomphe
des briseurs de tabous.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
dans le temple de mon art et de sa manie
Visage capricieux parcouru de signes
dans la simplicité d'énigme
de ses quelques lignes
comprises un jour dans sa jeunesse.
Le peintre se redresse et dit :
Avant que je ne ronfle :
Veux-tu que je t'appelle princesse
ou que j'aille sans toi à la messe ?
Et la beauté demi-nue
sur le canapé de cuir lui répond :
Des lieux communs rien ne m'expulse
ils sont ouverts à tous comme la pluie
dès qu'on est dans la rue surpris par l'orage
la musique et la cage
le crâne du temps qui fuit,
apporte moi une grappe ou ta langue
et le tableau toujours presque fini.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
à l'escalier de la féminité infinie
Le nomade s'enivre au chemin
jamais il reverra l'arbre
de sa terre natal en photo
jamais le livre s'ouvrira sur son prénom
ou le mythe dans la terre
qui fut sa mort
qui le précède et l'explique
discrètement, toute squelette
comme un mime ou un bouquet d'argent
l'ouvrant les portes du bordel.
Les triangles sexuels
tels des meutes de loups
accourent à l'enfant solitaire
du fonds du corps
et le festin se célèbre
dans les ténèbres et dans ses lèvres
fricatifs et universitaires
et le peintre est docteur à la tête d'âne
crucifié dans du papier de bible,
mille fois méconnu, pour un plus haut pouvoir de sa magie.
Tiens, ondine, ma tête
s'abandonne.
Tiens l'oubliance cristalline
de mes pas vagabonds
hors de la vulve et sa douceur polie
Voici que le songe d'un père
l'assaille et l'appelle
et c'est familier comme une tombe
où se rendre enfin, mais la force
du malheur et de l'écorce
de pages féminines offertes à l'ennui
maintient la tente
et ses draps qui s'éveillent,
et le songe s'estompe
comme une colle qui sèche.
Fraîche sperme des origines,
l'innocence se dépense
au voyage en exil
et reste une odeur
de travail non fini,
de lendemain du soir,
de cendre froide ou de musée bombardé. Rien
n'est gagné dans le ventre d'une mère,
dans le don du père,
qui est de devoir partir
pour son songe
du crâne.
L'ondine est la pure substance de la vague
elle réside dans chaque tournure de l'écume
elle est fille du père
et le marin est son pitre de frère
qui supporte la caresse comme un supplice.
*
jeudi 8 octobre 2009
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4 commentaires:
Manuel je n'ai pas trouvé d'endroit (adresse mail) pour vs joindre ... le mot que vs avez mis sur le blog des Els à mon propos..je ne comprends pas il s'agirait que vs ne pouvez plus poster sur mon blog "lunule de chios" ? dites-moi ..
bonne et belle soirée *_*
En effet je n'arrive pas à poster normalement sur votre blog. Mon e-mail est dans mon profil blogger.
ok Manuel ... je vs réponds
PS. au début de votre article "opérette N°1" il doit y avoir une image qui ne s'affiche pas à l'écran ?
bien à vous *_*
Cécile
Et puis non, pas vraiment, il y a pas d image, juste de l espace.
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