mercredi 7 octobre 2009
Francesco Clemente chez Ropac
Difficiles à suivre, les Renoir, père et fils, peinture et cinéma, si proches de nos premières expériences esthétiques. Cette tension dramatique du Carrosse d'Or, une dorure faite de lumière sur une salle obscure ou dans le clin d'oeil d'un appareil privé, ce plaisir jusqu'aux lèvres rougies de la contemplation d'enfants, filles et femmes. Le rideau de l'impressionnisme, qui sembla démocratique et accessible au peintre dominical et à l'homme sans espoir, les dérobe à notre vue, et nous ne suivons plus. Pourquoi se distraire aujourd'hui aux couleurs ? Un nouveau mirage les convoque et nous donne l'illusion d'être peintres à nouveau, déçus que nous sommes d'être Renoir à l'heure du blanc et noir. La Lune à mis un cil de Rimmel sur son regard de folle, elle commence à décroître, sa lumière demande des lavages au café, c'est l'heure du papier, pour le nouveau mirage, déjà connu et revu ce soir chez Thaddaeus Ropac. Si le papier, si la couleur, si l'abondance de symboles, la générosité des petits visages qui nous encouragent, si l'appareil honnête de la main semblent nous indiquer le chemin, le rideau nouveau d'un casse-tête, par le truchement de cadres complexes, par le jeu d'un esprit insupportable, nous dérobe le Francesco Clemente que nous croyons connaître et que peut-être nous avions connu, et nous ne pourrons plus le suivre si l'on n'est pas renards. Une procession d'ensorcelés barrait le passage, et le peintre et le public ne pouvaient pas sortir de l'oeuvre d'art. Visages barbouillés de blanc intense comme dans les nuits de l'iboga ou autres cultes syncrétiques. Le casse-tête, comme tout jeu, est cruel et pour un artiste du papier, faute de nous faire devenir des lions ou des panthères, nous devons suivre la voie du rôdeur et devenir un peu renard. Peut-être pourrions nous suivre les traces de cette peinture partagée en fragments, peut-être trouverions-nous la nôtre, et c'est de cela qu'il s'agit. La Lune fume avec moi à la fenêtre et me dit "c'est à toi de le dire, à ce que j'ai vu, il n'y avait pas Nabe, si semblable à toi (physiquement, coiffure, lunettes, veste), ni Matzneff, trop occupé, il y avait une foule et personne n'a pris les grains de raisin, dessinés avec la vigoureuse couleur de la maturité de style", et moi qui réponds à la Lune "ils ne sont pas mûrs pour moi".
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