lundi 12 octobre 2009

opérette n°2

Charon décide vite, il encaisse
mon soupir argenté,
ses yeux de mauvaise photo
brillants comme des pièces de monnaie
dans la paupière hypothétique d'une chauve-souris
à la demi-journée.

Sa bourse est une paupière
et ses yeux sont rouges,
il est le dieu qui tue
le seul auteur de tous les meurtres,
il est le gardien ici.

Charon donne sur un autre dieu
à la trouble tête d'un chien enragé
et dans ma quête
je le lave avec du sable
pour qu'il m'amène à toi.

Toi, je savais que je te trouverais ici,
comme je t'ai trouvée
sur un arbre dans notre vie adamique
et à l'intérieur d'un château
dans l'amour sauvage du siècle.

Tu as su être trouble comme le jus de la pomme
pour me faire suivre tes sandales et tes chevilles tatouées
pour me montrer la voûte inférieur des nuages du globe
depuis les fauteuils du ciel.

Tu as su me décrire la brillance
de ton passé avant le voile et effacer les femmes
couchées sur mon visage
que j'appelle lunettes
parce que je suis seul au lit avec toi
et tu es Diane la Lune.

Le monde ressemble à l'Enfer
tout est sexe dans le sermon
effréné du canotier
qui nous mène à la guerre
un sexe plein de peur et d'horreur
tu le sais
et pâle tu refoules vers le haut
les chauve-souris de tes sourcils.
Je pense au sexe, je l'entends gémir
dans les cloches du discours paternel,
dans le flux de pantalonnades des cheminées qui t'embaument
et te rendent un peu barbue, un peu mal rasée,
je vais te rendre au canotier,
au barbare,
j'ai une belle, tu sais ?
Et Charon aime les allés retour cycliques
de la chasseresse de cornes
et de raisons.

Jumelle du Soleil tombée dans la boue
elle est aussi soeur souterraine
du mort, elle n'est pas là pour moi.
Bue à péter les plombs
droguée de toutes les poussières
elle tire contre les cibles aléatoires
des dards d'amour fou
et même celui qui surveille mes transits,
au vu de cette compagne, flanche et hésite.
Elle est si folle qu'elle ressemble à une pilule,
à un immense médicament,
une aspirine d'urgence pour le cosmos,
pour l'astronaute spermatique que nous tous gardons.

Quelle est la honte du lunatique ?
Quelle sinon de creuser sa tombe
avec un télescope de désir
qui n'arrive pas à mourir ?

Charon m'amène seul, pour une Lune,
dans le sens inverse de ma douleur,
vers le matin, vers mes lunettes
pour voir ma belle :
mes belles lunettes,
ça vaut bien une Lune pour le dieu de la mort.

1 commentaire:

Elvira a dit…

Beau. Memme quand je trouve difficile de comprendre la chose entière... Y la música es sorprendente y buena.