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Je suis un secrétaire poétique
aujourd'hui ce sont les saints de glace de la lune rousse
je trouve les artistes trop pris dans des pratiques de bon sens
dis-donc, c'est du travail de cuisiner le chou pendant qu'on poétise
averses sans chauffage semaine prochaine
l'artiste s'occupe de moi et je m'occupe de l'artiste
j'invente ce métier de l'archive d'ombre
*
Sur ces clichés
quelle part pour l'éternité ?
Ils ne sont pas numérotés, trop tôt, trop loin
les chandelles sur la tarte
sont ponctuelles, Claudie regarde
la botte de feu d'une vingtaine ardente
sur l'obscurité du chocolat
premiers autoportraits d'Eve au miroir
ses jambes
sa pose de photographe complique
la longue robe en soie
sa mère la main sur le clair-obscur
d'un piano qui n'existe plus à jamais
partition en auréole, lumière tiède et précise
rare image d'une grande-mère sur le cliché
enfin des ancêtres qui restent à côté de nous
Eve sourit, l'on dévine
enfin une main pour saisir les deux soeurs
une fois les bougies éteintes
*
encore sans chiffre, même dossier
des beaux jeunes qui posent dans l'arabesque
encore méconnu d'un palais de conte
dans une ville touristique mais discrète
transition démocratique espagnole
instant politique d'inconscience
dans les visites exclusives
des couloirs de gypse et de luxe
dans la virginité musulmane
de l'Alhambra de Grenade
aux années quatre-vingts
j'aurais dû le dire avant
*
mercredi 12 mai 2010
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