dimanche 23 mai 2010

planche isolée non classée d'Eve

*

planche isolée non classée

il est tard, j'ai voulu quelques nuits blanches

et encore je fume à la fenêtre obscure

0A 0 début du rouleau

un bâtiment gris, comme un tableau désenchanté

mais sur les clichés suivants on comprend

que tu travaillais à un dossier lourd

qui t'a rendue célèbre, par ton premier livre

et par un film kafkaïen dans cette planche contact

je reconnais sous le poids des miniatures

la même lampe qui à présent nous éclaire

et puis toi poème bleu dans la non-couleur

femme amoureuse qui pourrait tuer

comme dans les pires chansons d'amour

par la vérité de ses lèvres rêveuses

un oeil savant de cinéaste t'a pâmée

sur tes clichés, comme un tatouage

sur une peau farineuse de princesse

comme une première de journal littéraire

et sur ta chaise tu es consciente 19 19A

treize prises de vue avec ta caméra

bel album dont tu es seule éditrice

pour mon regard qui te scrute

dans les lignes

dans le dos d'un livre

tu regardes le ciel rhétorique

d'un clair obscur appartement de journaliste

tu es aussi poète

tu te maquilles ces lèvres qui me font parler

tu penches la pensée du voyeur

d'un geste complice

tu en sais plus qu'un arbre de luxure et d'histoire

tu es la photographe de cette planche

elle est dans ta valise et elle est ta mémoire

une belle conversation après la vérité

et les mensonges

de ces preuves judiciaires où les arbres

sont des témoins, et les témoins

sont le jouet d'un ange

*

où sont les fenêtres de chaque nuit de travail ?

*

La Chamade 2 2A

15 15A et 16 16A sont un vulgaire parthénon de la loi

six colonnes de torpeur défigurée

que tu n'as pas ménagée

une belle conversation ma chère

*

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