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planches contact d’Eve (1)
Les hommes veulent voir l’intelligence chez le pervers
l’intelligence elle est partout, elle est comme une faiblesse humaine
qui dépasse la stricte spécialisation du malade ou de l’idéologue
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innocence du débutant et remords de celui qui se sait mortel
Lune et Apollon de la sagesse
elles restent dans l’imprévu d’une photographe classique comme Eve.
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Elle ne sera jamais plus livrée à son esprit
que dans les planches contact qui précèdent de dizaines d’années ses tirages.
C’est cela qui m’inspire le plus dans sa photographie
l’éveil apocalyptique
de ces dossiers qui regroupent des planches contact avec
pour titre de l’oeuvre
les dates et les lieux
des époques d’une vie
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On y peut trouver tout, le concept est aboli, le style est indestructible,
sauf le lieu où une oeuvre définie telle l’Alhambra
se réserve plusieurs gros dossiers
où les années de fréquentation du palais
se présentent nues et concentrées
comme dans une mystique orgie royale
faite jeu d’échecs et tragique miroir
dans le désir de lumière du noir
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Les photos de famille utilisent le blanc et noir
regard d’artiste
et la soeur cadette au fil des années
finit par être une modèle et une muse discrète et modeste
inconsciente de sa beauté et de l’ambition
dans la franchise et la patience du photographe
dans la magie offerte de ses gestes
rien n’est connu du trésor d’une vie de femme
dans la fidélité de ce métier moderne
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je vous parle aussi d’une femme écrivain
d’une réalisatrice
d’une modèle et muse de plusieurs peintres
métier enivrant et énervant de rendre la vue
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planche 332
Ce regard de masque grecque
dialectique et d’Artémis
fille d’une maîtresse du dieu
ces contrastes nécessaires à l’élucidation du profil
ce regard de la soeur dans un autre premier plan
qui semble appris d’elle
l’une pose pour l’autre
s’essayant le même moulant noir
ces horizons où l’on perçoit le palace andalou
ces prises d’image comme des gravures
ces personnages d’un matin de soleil
à la porte du bar Pepillo dans la Carrera del Darro
qu’on apprend à connaître dans le sourire et les longues histoires
vieillards séducteurs ou merveilles d’une vie
annoncés par le serveur qui poétise leurs surnoms
et tout cela dans le calme et la chasteté
d’une rivière complice
du courant du négatif
la jeune et belle étrangère qui prête
sa caméra pour poser avec ces êtres de mémoire
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planche 622
ces chats inexpressifs qui nous regardent
curieux de nos ombres dans l’appareil du poème
chaque chat de la ruelle aura son instant de gloire
et cela les intéresse et les laisse pensifs
rois du flou et des fenêtres
il n’y aurait rien à dire et je serais pur délire
si ce n’était de l’art
le refus dans le regard d’une bourgeoise âgée sous la loupe
plongeante d’une amatrice décidée
les terrasses dans des jardins à la diable
plusieurs torses déhanchés de sa soeur dans les colonnades
le profil frontal d’une courtisane de Botticelli
encore plus fragile instant
ou semblable à l’animal de sagesse chez le chat
mais soucieux de la mode
si nerveux qu’une magazine feuilletée dans le couloir de la mort
parfait avec la douleur d’une providence
les pères vus de loin
qui semblent encore jeunes dans la tiédeur de l’ombre totale
quelques portraits répétés pour des doutes
quelque faute dans la trahison du souvenir
semblables à une image pieuse de Satan
les chats savent entendre la fureur
du métier et de l’art féminin
qui leur prête une attention d’amoureuse ou d’enfant sérieux
pour l’esprit il n’y a rien d’autre à faire de mieux
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