jeudi 23 décembre 2010

Demi sommeil


El calzado femenino



El calzado femenino

Ha llegado la hora de salir

ignoro si sales de día

sólo conozco la noche de cuero

de quien eres ahora

los escarpines rojos

el fetichismo del pie

una mala traducción de Pessoa

para el masajista que soy

el sumiso exaltado

puede cubrir de palabras la foto

de tus zapatos viciosos

recito mal las antífonas del mal

la ley del tacón y del llanto

saldrás de mi vida

taconeando en la ciudad

verte escrita en mi lista de contactos

saberte en la ducha o en el cuarto

saberte en pleno acto

puestas las botas, rimmel de llanto borracho

o bien inocente recuerdo

todo en mi cerebro bien atado

calzado femenino

besos de gato en la suela del zapato

el sonido que observo desde el nido barato

de mis gafas color cuervo

cómo son los ciervos

que los perros devoran

son como las horas de delirio

en la luna cambiante de tus piernas.

*

mercredi 22 décembre 2010

balada corta de la cañavera


Fuiste a mear por la cañavera. Eras un hombre con gafas absorto en medio del viento. Eras una mujer con la mente atenta. Los tiempos del flamenco habían pasado, todo era silencio. Pero un pájaro en tu mente, y un martillo, distraían tu meada de la mirada de Dios.

En el centro del espacio de un cuartucho, mirando mujeres de colores o quizás operando un encanto. La semilla del aire de playa turbia, la escapada y el drama. Esa mano delicada en la violeta de tu pubis, ese misterio. Tú sólo oyes el martillo del viento. Con las alas de tu pamela vas a ser virgen.

La piel aqui es cielo. El cuartucho del pobre diablo está en el fondo del deseo. Pájaros del mar son los gemidos del amor, vuelan y se acercan paso a paso. Ella llora sobre tu cara como una espuma salina. ¿Quién se conoce de nosotros dos? He hablado con la arena y era una espalda de música suave y a punto de quebrarse.

Fuiste a mear por la cañavera. Yo te seguí, pero ahora estás en un sueño. Ha vuelto el viento en el dolor del silencio. Los gemidos del amor los oigo por dentro, donde no los ve Dios y sólo las cañas los separan del cielo. No hables tan despacio, pájaro, que sólo se entiende el martillo y todos los golpes que te dieron.

+++

pensée d'un surréaliste mineur

+

Est-ce toi la pierre au milieu des champs ? Je retourne au secret, les yeux en larmes, fleuves de la pleine lune. Je ne saurai peut-être pas tenir, ou peut-être saurai-je. Mais il me faut oublier cette pleine lune, cette précise pleine lune qui m'atteint. Je suis un geste, est-tu une statue ? Tu seras une statue de terre, un caillou enterré dans la terre comme les larmes qui viennent, tu seras la première émission radio que j'aurais écouté, surpris du salmigondis de l'intelligence, comme de celui de l'amour que ton coeur me professait. Proche ou lointaine la pierre au milieu des champs, elle n'est jamais seule, l'air campagnard est plein d'esprit. Suis-je autre que cet esprit, me déversant dans un pleur involontaire par la pierre secondaire de mon regard mouillé.

Je prie à une statue de femme, Sainte Marie, pour qu'une autre femme m'aime. Et mes yeux sont charmés par le travail de l'artiste. Dix mille femmes explosent comme des bombes de délivrance dans chaque moulure de la peau en ivoire ou en marbre usé. Je perds la femme du passé dans un présent de prière. Les paroles que je prononce ont l'air monotone de ce que murmure un fleuve ralenti.

+

lundi 20 décembre 2010

fan art Estrella Morente, Martha et les Vandellas






J'essaie de vivre à toute vitesse parce que je sais que ce qui vient après c'est pire.

Intento vivir a toda maquina porque sé que lo que viene después es peor.

*

dimanche 19 décembre 2010

planche 1 (picto) d'Eve Livet

*

planche "picto" 1

la chata Alhambra es espigada

le museau du chat est court

telles sont les tours qui n'attendent

plus aucun ennemi

qui toujours ont inscrit des beautés

à l'intérieur de leur cage thoracique

un homme les décalque aujourd'hui

l'on ne sait s'il comprend

l'arabe

des chats contre les murs

sur du marbre gris

tous les chats sont blonds

cette année

fenêtres de gypse

jumelles qui tentent l'espace

tu as placé ton miroir

pour qu'il dévore la jeunesse minérale du palais

à la chasse des absences

tout comme toi tu étais

ainsi était le géométrique palais

lépidoptères et grottes artificielles

sans se faire remarquer

du chrétien

opus spicatum comme une peau

azulejos où le bleu est loin dans le mélange des noirs

des vieux problèmes d'intersection

des plans de la vie adulte

des univers où se placent des chats

et des chaises pliantes plus vieilles

que les portes murées

ne t'en fais pour l'ombre diagonale

elle est une touche de style, un demi voile

quelque chose qui rend triangle

le feu du cosmos et même l'oeuvre d'Allah

*

samedi 18 décembre 2010

une soirée expressionniste rétro



Sólo un borrico como Paul Auster podía autocoronarse autor de una Trilogía de Nueva York. Yo dejo pasar los borricos en mi callejón, llevan mucho peso y lo tienen claro.




Voulant revenir aux sources de mon idée d'expressionnisme rétro j'ai dansé avec Eve, de retour du restaurant, la nuit avancée et sur un disque des hits de Neil Young. Rentré dans la transe par Down by the river et Cowgirl in the sand, j'ai enlevé mon pull, déboutonné ma chemise italienne, caressé les courbes d'Eve, jeté la chemise, dansé l'impossible du serré, et finalement j'étais complètement nu. Je jouais avec ma pine comme si elle était ma guitare électrique. On s'est embrassé sur les lèvres et je me suis mis à peindre, la cigarette à la bouche, à l'essence de pétrole et aux tubes d'huile. Ce ne sont pas mes huiles habituelles, au lieu de mon recherché Noir de Vigne, j'avais le toujours triomphant Noir d'Ivoire. J'avais des Siennes moins exultants que ceux de mon atelier, plus éteints, un Naples qui tournait au citron, mais, en revanche, un parfait rouge de cinabre (sous la diplomatique inscription de Rouge de Chine Vermillonné) un jaune fort et lumineux, des bleus cobalt et Prusse impeccables.

La tête du cantaor Enrique Morente est venue inconsciemment, j'ai commencé par le front et le contour du visage, je pensais à un autoportrait, jusqu'à ce que j'ai été pris de quelque chose en dessinant ses yeux fermés, et je me suis dit : "mais, c'est Morente, qui vient de mourir !". Je lui ai enfilé une chemise au noir éléphantin.

Puis je me suis laissé flotter dans les réminiscences, pour une suite de visages indécise.



jeudi 16 décembre 2010

deux huiles littéraires


Sur "Coke de Combat" aux Editions Léo Scheer



Ce qui est marrant chez Rip dans son bouquin Coke de Combat, c'est que tu ressens sa personnalité te remettre à ta place dans l'exubérance de son blues, hilarant, près du spectacle de ventriloque...

Je me moquais de lui, lui disant qu'il était si bon dans les dialogues qu'il pourrait sortir à la télé. Je savais qu'il était comme Neal Cassady tel que nous le décrit Kerouac dans On the road, du moins de ce côté-là, quelqu'un qui a souffert le plus dur de la vie et qui garde nonobstant l'ambition d'une certaine délicatesse littéraire, d'un certain sérieux, quelqu'un qui reste lié profondément à la haute culture, au grand art.

J'avais eu mon exemplaire dédicacé au bureau de quelqu'un dans les officines de sa maison d'édition. Puis il m'avait payé deux cafés noisette, puisque j'avais juste dans ma poche de quoi payer ma psychanalyste , et là il a fini la dédicace en imprimant son ex libris sur l'exemplaire, un ballon de football. Dans le bus, depuis Odéon jusqu'à Ménilmontant, j'ai trouvé une place et j'ai lu ce que j'ai reconnu tout de suite la perle du livre.

C'était peut-être pas le plus drôle du livre, c'était peut-être pas le plus complexe ni celui où les clefs pourraient montrer une pratique de connaisseur en littérature, mais il regorgeait d'humanité, la même chose qui fait que Henry Miller reste une valeur supérieure à Bukowsky ou d'autres qui ont pu suivre. Je discute de ça chaque fois que je revois Rip, quand nous avons bu ou qu'une troisième personne très spéciale nous entend.

J'ai dit à Rip que son livre était rabelaisien, et pour une fois j'ai dit quelque chose de sensé. Parce que mon histoire de Henry Miller est une vieille querelle.

C'est bien Miller qui a vécu Paris, c'est bien lui qui a le premier enduré le refus et la censure, et qui a toujours maintenu la bonne humeur. On devine que Miller n'arrivait, comme Rip, jamais à être pour de vrai fâché, on devine que Rip peut te casser le nez si tu es un salaud, mais qu'il restera toujours cool.

samedi 11 décembre 2010

travaux récents à l'huile


aforismos de trasnoche


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Rubén Darío ha cantado la honesta sensualidad.

Miguitas en las braguitas, que tu vida con ella sea el prolongado cortejo de una hermana.

Los colores me fueron atribuidos por cometas nocturnos, yo dibujaba de noche ya en la primera adolescencia.

Las cocinas son lugares extraños a altas horas de la madrugada.

No haber tenido una vida normal es lo más normal.

Agárrate a la tuya, se le dice al pelmazo. Cuántas facetas tiene el territorio cristalino de una vida...

Soy un personaje literario consumido por la necesidad y no puedo darte caña como mereces.

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miettes d'un comète


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Il n'y a pas d'angoisse plus propre que celle du grenadin, où qu'il soit.

Mon ordinateur est plein de romantisme, j'aime l'amour réaliste et lui la fumée.

Une oeuvre de création selon Aristote a un début et une fin. Or le blog littéraire a un début que l'on connaît rarement et il est en train de se faire, la fin est différée, comme la mort pour tout un chacun. Ce ne serait pas une oeuvre ou ce ne serait pas une création ?

Aristote voulait faire la distinction entre théâtre et spectacle. Devereux disait du rock qu'il était une "orgie hypothalamique". Des décennies où la vie était un art.

Ce n'est pas la même chose de lire Casanova en martien que de le lire dans l'édition de Laffont, dira l'astronaute.

Adorable univers à venir, quand il sera à la merci de la chimie.

L'objectif des forces de l'ordre ne devrait pas être de rendre la vie civile une guerre. L'approche des quartiers pauvres ressemblerait à un lieu d'avant-garde. Si mon expression est confuse, n'est-ce déjà une conséquence de la guerre qui se tient à l'intérieur de nous ?

Un robot peut se refuser au chantage et à l'asservissement, c'est pour ça qu'il pète les plombs. Un robot écoutait du country sur You Tube, chanté par Kris Kristofferson, le Me and Bobby Mcgee que Janis Joplin (disque Pearl) lui avait fait connaître, la chanson du prisonnier qui est reprise avec le soin de la haute poésie par le connaisseur, comme il pourrait se passer dans un domaine universitaire.

Peut on faire entrer un robot à l'Académie ?

Si l'on était vraiment des poètes chinois !!!

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vendredi 10 décembre 2010

miettes dans un sourire




...

Un trait pervers, mais, de quel côté du miroir ?

J'amène le philosophe jouir de la foule, mon nom est Méphisto. Les fistons, je suis votre héros.

L'évolution du moderne rustique intéresse le coloriste.

Une poignée de riz contre le désespoir du monde. La main gauche est déjà vide et avide elle glisse sur ta peau. Une poignée de riz, nous étions.

L'aigle respire lentement la quintessence et sa vision atomique me poursuit dans le pré. Je suis tombée dans la rue, je me trouve au ciel, chemin du nid.

Ma main qui dessine et peint est à elle seule une salope qui n'est là, la rose à la bouche, que pour mon plaisir des yeux. A l'université l'on m'avait instruit dans la peinture à quatre mains.

Tout dépend comme on compte, pour dessiner tes seins.

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Decidi - Extremoduro



Como dice un genuino comentario : "No es heavy, es rock transgresivo."

jeudi 9 décembre 2010

miettes aftermath


*

La neige est une bonne excuse pour rester la nuit chez un ami... mais il ne manquait plus que je vous dise ça !

Les miettes dans le cendrier sont une bonne excuse pour faire la cour à sa femme.

Sono Don Giovanni per la mia donna.

Le bonheur dans le mariage aurait un rapport avec les herbes ?

La main de la femme est guidée par un doux Lucifer qui nous est cher.

Le surréalisme a fermé les volets du classique.

Il y a des hommes qui aiment que les femmes protestent.

Corps nu cornu. Deux tétons comme le front d'un chevreau. Mon corps est unicorne. Mes tableaux plaisent aux cartomanciens. Tu vois, ma belle ?

Danger extrême de l'aphorisme, l'image de style.

*

la peau douce



huiles sur papier format DIN-A5


Je devine Balzac par Truffaut, puis par l'usage qu'en fait pendant son rêve Clément Rosset dans La nuit de Mai. L'on comprend mieux le passage en rêve chez Rosset d'une philosophie chez Balzac, dans l'illustration du désir, in fine, mécanique, structurel et... destructeur, qui fait le film La peau douce de François Truffaut. J'ai envie de vous inviter à écrire à ma place. Diriez vous "destructeur" ou "destructif" ? Notez bien que je tombe moi-même dans le piège que je vous tends. Autrement dit, je n'ai pas lu Balzac, mais chaque fois que je prends du café la nuit je pense à lui, c'est tout bête, je sais. Mais aussi, à cause des 400 coups (un autre film de Truffaut où je vous rappelle, le jeune Antoine Doinel rend culte comme à une image pieuse au portrait de Balzac), je pense spécialement à une curieuse lignée chez les français les fois où comme aujourd'hui il y a le feu d'une bougie à côté de mes cahiers. Je me demande même si les français n'allument pas les bougies différemment des espagnols ou des mexicains.

Je vais modifier le sujet : toujours à propos du désir, je me trouve ces derniers mois dans la recherche d'un ou plusieurs acheteurs pour mes toiles. Cela conditionne toutes mes entreprises, conscientes ou pas, de séduction. Elles prennent toutes la forme d'idée fixe à cause du besoin d'argent (c'est assez banal, mais j'imagine que je serai par là entré dans l'univers de Balzac).

Donc, la maladie du désir, l'idée fixe conséquente au manque, aurait pour Rosset une alternative, une forme plus proche de l'ataraxie (diriez vous "apathie" ?) dans l'univers antagoniste de La recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Et là, venant de peindre une petite huile obscène, je suis tenté d'aller plus loin que Rosset et de dire que l'antidote de la misère du désir mécanique, structurel... est dans la mixture, l'impureté d'une certaine complaisance dans l'apathie, d'une machine arrière dans le récit ou, pour revenir à la peinture qui est mon métier, cette fameuse mise en abîme du peintre grec racontée par Pline, quand, fatigué par l'échec de son travail, il jette une éponge sur le tableau, le souillant et le ruinant, mais en obtenant ainsi la vérité de l'écume de Bucéphale ou de Cerbère.

Dans la sexualité qui m'est connue, et qui est une des plus communes, seule la femme a la possibilité d'éprouver plus d'un seul orgasme dans un lapse de temps inscrit dans le même "acte". Il revient des soi-disants gender studies, tels qu'ils imprègnent l'idéologie, que la transgression de cette différence par la confusion sexuelle permettrait d'autres performances. Est-ce cela tellement souhaitable ?

Autrement, toujours en rapport avec l'orgasme, n'est-ce pas celui-ci en tant que prestation ou performance, la forme minimale et animale de "travail" qui réside en nous ? Là le nouvel homme de la psycho-philosophie américaine serait en train de parvenir à l'égalité "au travail" par la confusion. Mais non, les américains nous pardonneront tout, même l'homme masculin est possible, à titre presque d'une forme d'anorgasmie.

Du coup, ne les ayant pas lus, Proust et Balzac, sont dans le désir pour moi des sortes de Scylla et Charybde de pure ignorance, me voilà participant à l'inconscient du rêve de Clément Rosset, et ce qui me vient à l'esprit c'est la souillure de la tunique d'Athéna, patronne d'Ulyse, par le sperme d'un certain satyre. L'intelligence ne peut être totalement divine, elle est forcément souillée, puisque un mortel rusé peut contourner la mise à mort sacrificielle des îlots.

Certains curieux pourraient être étonnés qu'un peintre figuratif s'exprime sur la sexualité comme un médecin (pour tout dire l'on comprend forcément à moitié notre médecin), sachant qu'il a à sa charge de rendre les portraits de ses contemporains. Ceci est mon cas, je n'ai peut-être pas appris à allumer les bougies comme un français, mais à force de voir des films de Truffaut, j'ai acquis le geste propre à Antoine Doinel, qui me fait peindre et penser en français.

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lundi 6 décembre 2010

sieste



***

J'allais dans un musée. L'exposition s'appelait "Le(s) retour(s) à la peinture (contemporaine) de Bibi Fricotin". L'artiste, au fond bon technicien et même imaginatif jusqu'à presque mon degré, était trop timide pour se présenter autrement que sous ce pseudonyme. D'ailleurs, c'est l'animatrice de l'atelier pour enfants qui m'expliquait tout ça. Elle me disait que l'artiste, bon, en fait le critique, ou tous les deux, ou plutôt la mairie, avaient voulu que les enfants vivent dans le musée l'initiation... ou, mieux, le retour à la peinture.

C'est vrai que ça donne envie de peindre, lui dis-je, à la stagiaire, pendant qu'elle ébauchait une timide caresse extra-officiel sur la tête d'un de ses cupidons fan de Bob l'Eponge. Et, le mec, il te faut une éponge pour peindre Bob, lui dis-je. Déjà dans Pline l'Ancien, c'est un lieu commun de l'art (contemporain). Alors, elle me signalait que la salle d'à côté était pleine à craquer de vrais matériaux de peinture, chiffons, huiles, toute sorte de médiums jusqu'au plus cher : l'ambre liquide, et que c'était le souhait de Bibi Fricotin de donner au public tous les moyens de peindre. C'est que mon rêve devait se passer dans un musée des Emirats, qui ont beaucoup de ressources à investir dans ce nouveau domaine.

Au public ? Oui, aux enfants, disons. Parce que moi, mademoiselle, je suis adulte mais je ressens à la vue des couleurs, des tableaux, des brosses et des pinceaux, une certaine envie de peindre. Mais bien sûr, vous aussi ! Je ne sais pas si c'était Miro ou Picasso qui disait que face à l'art nous avons tous un enfant en nous. Prenez des tubes d'huile, un pot de térébenthine, un pinceau pour les détails et une brosse pour les mises en abîme (ou l'inverse) mais éloignez- vous du groupe d'enfants, parce que c'est mal vu.

Ne vous en faites pas, je prends tout ça et je continue ma visite. Cependant, je reculais juste un peu au fond de la salle où une grande composition appelée "la chambre nuptiale" représentait une chambre style vieille France, comme celles du Ritz. Moi qui suis un artiste réactionnaire, j'ai senti alors l'appel de l'art contemporain et, tout en commençant par l'oeil, je me suis mis à peindre sur le tableau de Bibi Fricotin, le portrait de la stagiaire, la tête accoudée sur l'oreiller du lit à baldaquin. Elle a jeté un regard en arrière et elle a dit "Waouw", mais étant trop sollicitée par le groupe de petits, elle a été forcée de me laisser faire et de continuer de les motiver.

Emballé, j'ai peint avec du jaune indien, du jaune de chrome et du rouge vermillonné comme des flammes qui prenaient sur la table du petit déjeuner, dont le tableau de "la chambre nuptiale" était pourvu. Il faut toujours "flamber" pour que la peinture soit vraiment une pratique artistique "totale". J'avais le regret de ne pas avoir la Philosophie de l'ameublement d'Edgar Poe à la portée de la main. Je dessinais sur la table un bon jambon ibérique et fit une pause. Je m'approchais du groupe et la stagiaire me dit "je suis confuse, vous m'avez prise par surprise". "Ecoutez, il manquait un peu de chaleur humaine à ce tableau, et je n'ai fait que commencer". Oui, me dit-elle, c'est ça. Le pire, c'est que je suis d'accord avec votre pratique qui s'appelle détournement ou appropriation (les frères Chapman l'on fait avec Goya), et que vous êtes en train de me fournir un matériel direct pour la thèse doctorale que je prépare actuellement, Monsieur.

Peux-je voir votre nombril, comme ça, vite fait ? Le reste je le ferai de tête. Elle tourna le dos (ou même pas) au groupe d'enfants et me montra un nombril tatoué tout autour du pseudonyme de son écrivain préféré qui venait de gagner le Goncourt 2010. "Vous n'auriez pas une partie qui ne soit pas tatouée ?" Oui, les seins, parce que ça fait mal". Même topo. Excité comme une puce, je vais au tableau et ajoute au visage un corps rosé et rendu éternel dans la volupté avec laquelle on regarde la télé depuis le lit. Je commence à avoir plein d'idées pour la continuation et, lorsque je reviens de chercher d'autres matériaux de la salle contiguë, je trouve ma stagiaire qui explique la merveille à la directrice du musée.

Ah, madame, j'attaque d'avance avant d'écouter, il faut que je mette aussi sur le tableau votre portrait, habillée en bonne. Appelez l'artiste, Bibi Fricotin, et posez-lui la question, vous verrez qu'il est d'accord avec moi. Alors, nous tous, sauf les enfants, sommes allés manger au restaurant du musée des Emirats qui servait du gibier d'Écosse avec un arrière-goût de poivron et de chocolat, contents d'avoir vécu un historique retour à la peinture (contemporaine).

sieste du dimanche
Manuel Montero

samedi 4 décembre 2010

Nancy Sinatra - Day Tripper

Aux femmes plaisent mes syntaxes


Je veux que quand je manque d'imagination, tu te mettes à poil et viennes te frotter contre moi.

Je veux que de lire les prénoms tatoués sur tes seins avec autant de douleur soit comme de fumer très fort, comme tout ce de plus imaginaire que j'ai pu faire dans mes années de sexe et de mystères initiatiques, dans des pissotières délabrées et des palaces déserts. Je veux être témoin de ta jouissance comme on est témoin involontaire d'une humiliation de haut niveau.

J'ai le droit de faire venir les squelettes du Père-Lachaise, puisque tout est magie. Et ce n'est que d'une momie que je tolère la pénétration de ton vagin, rendue active par mon esprit qui emplit le corps centenaire. Le mort c'est moi, tu ne m'as pas reconnu ? J'ai le droit de chanter pendant le coït, et de tout faire entendre aux voisins de mes climax. C'est une pratique sociale, un acte de désobéissance positive.

Tu n'as pas gardé de souvenir, dans tes prénoms tatoués, t'as juste baptisé chacun de tes seins pour que je puisse les appeler par leur prénom.

La muse a des tétons parrainés ?

Mon musée ? Je veux qu'on me laisse entrer sans avoir à payer le café. Je veux davantage d'imagination et que tu me la suces comme on fait pour les artistes, que tu me fasses sentir combien tu as de la chance.


mini roman
offert aux gens du fanzine
par Manuel Montero

mercredi 1 décembre 2010

miettes facon papesse (suite à "disciple")


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Me sentant basculer vers la pure mélancolie, qui comme une fièvre défait mon souffle et désamorce mes pitres prières, me fait citer la mythologie en train de me retourner comme une crêpe.

Un trait particulier de tristesse et de mélancolie sont les certitudes misérables qui nous aliènent, qui nous font murmurer comme on souffle sur la dernière bougie.

Je regrette la compagnie de l'astrologue, ce soir je serais prêt à tout lui entendre dire, même ses fameuses famines d'écorché. Le destin était bien dedans la bouteille que j'ai vidée au goulot.

Un espagnol fait fuir la tristesse avec des tranches de jambon, et quand il n'y en avait pas, il se procurait l'os pour donner un arrière goût au bouillon d'oignon. Ils vont pas encore me brûler, demain. Ils vont pas venir me chercher. Je suis aussi catholique qu'eux. Demain je serai encore apte pour causer et pour dire "buenos dias".

La province plus pure et pauvre d'Espagne, à certains égards, Salamanque, inventa que la mie râpée, le cumin, imbibés de saindoux, étaient des médecines pour le triste, passés un peu au feu. Cela s'appelle "farinato".

Le paysan connaît la mélancolie, il n'est pas dupe, il sait qu'elle est mortelle, et que seul le péché et l'angoisse nous rendent gaies.

Si tu as donné ou raté tes livres, et ta vie avec eux, et que tu es sur Paris, mange de ce reblochon, ça fera l'affaire et le reste.

Le Malleus Maleficarum, est encore en cours de réécriture. Bientôt ça s'appellera "subvention au suicide thérapeutique", avec "prestation sadique supplémentaire et gratuite".

Scorpion préside Rome, et la vallée cacha autrefois Saturne, la mort est riche en ressources de vie. La source dira ce que je ne peux chanter, pendant que l'ultime femme du monde s'apprête à nager dans ses ondes.

La course de l'angoisse commence par une mère et finira par pitié de la reine des étoiles. Essaie de rester pas trop lesté pour grimper au ciel, quand la terre va fondre.

A peine trentenaires, mes amis espagnols avaient grossi et appelaient ça "la courbe du bonheur". Ce soir je mange du fromage français. Mais, est-ce que ça s'appelle aussi "bonheur" à Paris ?

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disciple (miettes)


...

Disciple, les choses que j'ai à te dire seront forcément confuses, car je suis accablé à présent par la lumière de l'Indicible.

Le volume à toute allure, ça fait un peu prolo. Le film nous allons le regarder comme des artistes, l'oreille est secrète. Nous serons punis, de toute façon, comme tous ceux que la justice de la mort appelle.

Disciple, ce seront en carton peint, les couleurs de la chalcographie qui viendront de ta main suivre mes dictés posthumes.

Le roi Salomon était en prison, par caprice, pour se sentir à l'aise, et ce fut là qu'il apprit la langue du démon.

L'enfer est le refuge du disciple, la nostalgie de l'ange.

Pentacle d'or sur drapeau saignant, la Chine. Un pays saignant et lointain qui a des fleuves et de la bruine, et un bizarre état de bénédiction. Pentacle, je te conjure de me faire participer du secret, cette sphérique écriture à l'intérieur du silence, cette porcelaine moins chère que le plastique, cette sagesse pour les pauvres et les malades de l'âme, cette voie pour aller nulle part.

Juan Diego en Jean de la Croix, Gian Maria Volonté en Giordano Bruno, impurs à cause de notre regard.

L'archive du feu est un enfer où Dieu est méchant et sa Mère est morte.

Sors de la ville pendant la nuit, là-bas l'on ne fait différence entre Dieu et le Démon, et tu sauras qui tu es.

Il disait être Dieu l'auteur de ses poèmes, Salomon avait la cupidité et la ruse, mais la beauté qu'elles engendraient ne pouvait venir que du Plus Haut.

La distance fait le prophète.

Un petit chiffre au centre, sur un carreau vert émeraude, juste un trois, le père, la mère et la fille, et tout autour le Zodiaque et les grands chiffres des galaxies et l'encens ambigu de l'infini.

Disciple, tu as trouvé un maître qui ne t'apprendra pas à te taire, mais à prendre la parole. Dieu nous jugera ainsi tous les deux le même jour.

Comme l'argent jeté dans du vitriol, ce sera l'oeuvre d'art tamponnée par la culture.

Tes amis seront des cannibales pour toi, quand tu auras tout dit.

...