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Sur les représentations plastiques et photographiques de Fela Kuti
(vu sur un youtube)
Non, mieux, je veux me centrer sur la seule peinture un peu flou qui passe avec la chanson. Elle comporte deux thèmes stylistiques qui m'intéressent :
1) La représentation en tableau du maquillage :
Dans ce cas il s'agit non du pur maquillage cosmétique, codé par les producteurs pour la séduction et pour un public féminin ou efféminé, mais aussi du maquillage masculin, codé selon des traditions africaines guerrières ou en tout cas animistes.
2) La représentation en tableau des bijoux :
Le bijou qui décore le corps habillé de la femme ayant été depuis toujours une porte ou une fenêtre ouverte à la magie (talismanique, bien-sûr), cela ne peut que se prononcer chez le chanteur torse nu et les poings levés. Mais en même temps cela s'adoucit, s'allège, par rapport au mystère du bijou féminin. Un mâle ne peut porter que des talismans protecteurs et de guerre. C'est une première lecture en surface. L'on décompte pour le regard tous ces symboles que l'homme peut porter sur soi allusifs à une initiation autre que guerrière, celle des sociétés spirituelles.
Deux remarques pour le peintre :
1) Quant au maquillage, je trouve correctes les deux mises en place des personnages sécondaires. Sont elles des divinités ? Aux connaisseurs de l'univers de Fela Kuti et au peintre même s'il lit ces lignes, je leur adresse ma question pour mieux me conduire devant ces deux couleurs choisis pour le fond, rouge et vert. Les gestes de ces deux personnages semblent transmettre un surplus de secrets grâce au jeu du geste avec le maquillage. Mais le portrait du chanteur, dont je ne mets en doute la légitimité du geste des poings, qui permets une solution politique à la lecture de l'image, me semble justement à cause de cela un portrait qui va trop vers l'affiche. C'est une affiche, d'accord, mais c'est aussi un tableau, je sais que vous connaissez ça. Vous avez manqué de malice, vous avez juste transposé le modèle photographique. Les traits en blanc tracés sur le visage de Fela Kuti ne semblent correspondre à rien, ne vont pas apparemment se mouler à l'expression facial ni au regard du musicien, qui semble d'ailleurs constipé. C'est le grand problème des peintres d'après photo. Il faut interloquer, non seulement le public, mais notre sujet. S'il pose vraiment face à nous, c'est l'idéale, il réagit à notre présence et nous restons auteurs de ce qu'on peint. Si c'est d'après photo il faut un peu plus de souplesse de geste, un stylème qui prévaut sur la simple transposition, il faut la chair de la propre opacité plastique. Mais si c'est du pastel, et non de l'huile, alors tout change. Dans ce cas c'est un tableau de collection, toutes mes histoires venaient gêner la subtilité du pastel, de l'oeuvre sur papier. De ma part, direct au musée, sans blagues.
2) Quant aux bijoux, ma remarque est positive, c'est parlant, on comprend, même chez les personnages secondaires qu'ils symbolisent le rapport artiste-publique chez Fela Kuti. Elle est positive parce qu'elle me conduit vers le pastel, et vers le cabinet d'amateur. Dans un huile je vous aurais demandé de voiler d'un pointillé les bijoux du personnage secondaire féminin, celui qui est sur la partie de fond vert. Il faut une dévotion maniaque pour les secrets de la femme, dans la peinture à l'huile. En revanche, les colliers de Fela Kuti marchent parfaitement comme des talismans masculins aussi bien si votre tableau est à l'huile qu'au pastel. Seulement je regrette le flou du youtube dans lequel je regarde en pause votre oeuvre. Je suis curieux de vous connaître, depuis que, la chanson arrêtée, j'ai balancé grâce à vous dans ce qui constitue mon métier, la peinture.
J'améliore mon accent espagnol.
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