(Je cherche ma loupe) au fil des photos d'Eve

*

J'ai besoin d'une loupe

moi aussi, pour la beauté

devant ce dossier de planches contact

comme le délateur sur la photo d'une manif

comme le persécuteur de l'or dans le plomb du latin

des gravures minutieuses, d'une loupe

de lupanar

pour agrandir les détails de la vulve

pour le carnage d'une revue de luxe

ou d'un cirque à sacrifices.

*
(sur les planches en général)

*

Douce comme la chevaline

est la surface du papier baryté

et ta fatigue qui dépose les armes de l'art

dans une valise

pour se sauver

de l'ennui

*

Chair noble et tentante celle de la pudeur

celle qui ne s'offre pas au musée mondain

de mes conceptualisations à l'italienne

ni à d'autres courses que de ceux qui la comprennent.

J'ai commis la folie de manger cette viande crue

qui est le poème d'un biographe, partie divine du centaure

ces muscles de cheval qui enflamment l'instant

devant

un poste de police, voisin de l'auberge

où je passais quelques jours de pathétisme

je lisais le livre de Handke sur Cézanne

à Tarascon, petite ville

du dragon connu des grenadins

et du chateau où les corneilles m'ont prédit

la couleur de nuit de l'encre

et des mécanismes démontés et de tes photographies

et en haut, couronnant la tour et ses corneilles,

le blanc éphémère des passants du ciel

ne m'a rien prédit

*