lundi 29 août 2011

sur la traduction performative


http://soundcloud.com/manuel-montero/anuncio-del-rocio-the-season


L'artiste partage certains traits de la figure du chômeur. Un cas d'artiste flagrant et commun certainement avec toute position précaire est le fait que souvent la socialité n'apporte plus une augmentation des repères et des points d'appui pour "rebondir", mais peut amener à une aggravation du précaire, encore plus que si l'artiste avait choisi la solitude et l'insensé de se définir "a priori" en tant que "maudit".

Ceci dit, la conséquence chez le peintre de l'effort social est la multiplication des projets, et le côté "art total" ou "Léonard da Vinci" (c'est à dire : être un touche-à-tout). Les choses en sont là pour moi depuis le début de ma prise de conscience en tant qu'artiste, autour de mes 19 ans. Depuis cette âge-là j'envisageais d'être peintre, mais aussi d'ajouter la création musicale, dont des opéras, et bien d'autres activités qui pourraient se rejoindre dans l'écriture. Le cas venu d'avoir pratiqué des enregistrements sonores et d'avoir traduit de la poésie sur une modalité "vitesse", m'amène, par exemple, à avancer l'hypothèse d'une nouvelle pratique artistique : la "traduction performative".

Qu'elle ait lieu dans la rédaction écrite, où il n'y aurait de prime abord de distinction d'avec la traduction littéraire, ou qu'elle soit plus exactement de la "performance", dans les cas irréfutables où nous avons allumé l'enregistreur, ouvert un recueil de poèmes en n'importe quelle langue un peu connue de nous, et que nous nous soyons mis à réciter dans une langue différente tout en essayant de nous exercer au "chantant" du poème classique, il y a lieu du "performatif" dans les deux cas.

Dans le cas où cela semble se passer comme s'il en était d'une "traduction littéraire", c'est le choix délibéré de langues mal connues, l'introduction intentionnelle, si l'on peut dire, de "l'arbitraire". L'introduction de force de l'étymologie et son côté sonore en dépit des intentions créditées... Et nonobstant cette étymologie "de force" n'est pas "violente" mais "non-violente", bouddhique on dirait, puisqu'elle accompagne le sens et en donne une finition artistique au hasard qui découle de l'ignorance accumulée en vitesse, ramassée par la lecture "surprise". Le contexte aussi, ce que j'appelle le "bloggy"...

Pour ce qui est du passage ou dérivation en musique, je trouve intéressant de demander quelques pistes au jeune romancier Arthur-Louis Cingualte, qui m'a mis sur une piste inouïe, celle de l'astrologie précolombienne... C'est dans cette direction-là que je compte produire cette année des "berceuses intellectuelles" dont je me réserve l'antériorité envers et contre tout. Merci, bonne nuit.

4 commentaires:

Arthur-Louis Cingualte a dit…

C'est de portraits de musiques - comme ces scansions écrites qui traverse tes peintures (couplets/images/refrains/couleurs/break/dessin). Tu es toujours tout à fait cohérent. J'apprécie les termes que tu laisses infuser : "étymologie non-violente" par exemple comme un réseau primitif, autant que moderne, comme une rénovation d'ordre géométrique. L'idée est superbe : de l'illustration presque à l'envers qui souffle une temporalité (un temps, une vitalité mais aussi une destination) supplémentaire à l'harmonie. C'est une confrontation d'indépendance de mouvements très intéressante. Le choc de deux hanches (de natures différentes) sur un rythme unique.
Je disais portrait mais il s'agit aussi (pourquoi pas ?) de collage de motifs dissociés. La musique comme de la glaise pour la figurations - mais sans intervention "physique". Comme les clapotis de l’Amazonie qui dessinent (en sons et en images) les contours du destin musicale des nappes de synthés dans Aguirre d'Herzog.
Et à l'envers ta méthode - pour les 4 codexs astrologiques mayas - permettrait de commencer là ou l'archéologue s'arrête (donc toujours trop tôt ou trop tard). Tu es peintre, tu matérialises je crois. C'est opaque là, ce que je dis, mais ta sujestion m'inspire. J'y reviendrais bientôt quand je serai en bas de ces marches.

p.s : tu as raison il ne peut s'agir de berceuse pour l'astrologie précolombienne. C'est évident pour moi aussi.

Arthur-Louis Piaud a dit…

Désolé pour l'obscurité du commentaire. Je décante je réapparais rapidement.

Arthur-Louis Cingualte a dit…

en complément, tout de même (je serais peu-être plus lisible ainsi) quelques sublimes entrelacs de marimbas guatémaltèques traditionnels : http://www.youtube.com/watch?v=rkwpvZv3cbw
http://www.youtube.com/watch?v=QCx490QYp2o

et la photo d'un ancêtre des mayas de Chichicastenango qui porte un masque figurant un conquistador lors de la fête annuelle (saint Thomas) de "la reconquista" (malheureusement je ne trouve pas là, sur internent, de photo de masques plus anciens - qui invoquent encore plus puissamment une expression rare. J'ai la chance d'en posséder un très vieux, très beau, plus massif, plus de dessin inconnu, et virtuose, je te ferais parvenir une photo.)
http://pics.vintagepostcards.com/j/j3344.jpg

Manuel Montero a dit…

Cher Arthur-Louis, comment ne pas être cohérent quand on a le luxe d'une écoute comme la tienne ? Tes commentaires m'encouragent à revenir sur des questions qui remontent aussi loin dans mon vécu que celles que j'utilise, disons, "sciemment"... Le dialogue, tout comme la musique, n'est-ce pas ?