mercredi 24 août 2011
Sur Dante XXII (les deux natures)
De nouvelles données auraient mis l'originalité du poème de Dante en question. Ce qui ne doit qu'augmenter ma curiosité. En tout cas, ce matin je n'ai fait que tourner entre des piles de livres, sans savoir par où reprendre le fil, avec l'ajout de nouveaux textes dans ma sacoche dont je n'osais pas l'immersion sans masque...
Nonobstant, j'étais plutôt de bonne humeur, la piste d'une première mouture arabe de la Divine Comédie étant le fruit d'une agréable conversation à l'atelier. Mais si je ne lis pas l'arabe, ai-je dit, quoi faire d'un originel que je ne peux traduire moi-même ? Je préfère adopter le ton quotidien de mes pensées qui est assez simple : je n'aurais d'autre que ma vanité pour paradis. D'avoir pu m'exprimer tout ce temps-là, même si, ce faisant, je laisse à la vue mes lacunes, mes manies, ma précipitation et tout ce qui reste insaisissable, le cas écoulé d'une écoute, d'un assentiment ne soit que bienveillant ou pieux, d'un regard, d'un sourire, oui, tel celui qu'arrive souvent à demander, en guise de monnaie, le mendiant, et bien, ce fait-là me suffit pour passer le lendemain matin de bonne humeur, sympathique et prêt pour une efficace inaction. Et royale ! D'où, que je me sois posée la question d'un voyage au Paradis qui ne consisterait qu'à raconter la vie sur Terre, en l'occurrence ma vie et mes hasardeuses opinions, auprès d'un ange, d'un saint ou d'un prophète crédité, ou tout simplement auprès "des jeunes"... Je veux dire, de la beauté, de la rose, ou du jasmin, finalement, un jour de tiédeur au jardin de l'asile qui est le lieu définitif de la Vie, soit l'approche de la mort. Ce dispositif semble être mis en place, aussi bien du côté social que dans son aspect architectural, dans mon travail à l'atelier. L'eau d'une inondation, qui abîme et éparpille des champignons très voyants, tels une constellation sous influence, m'ayant obligé à déclarer hors-série mes propres livres d'art numérotés et en rajouter le pourquoi à la main, mon euphorie n'a fait que s'accroître avec la petite catastrophe. Ce qui vient interrompre ma béatitude est une question dentaire, pas besoin de plus pour s'angoisser : une couronne est tombée.
Mais le fait qu'il reste soudainement tellement à lire, à relire et à écrire, et puis tellement de possibilités de bonheur dans la poursuite picturale... une couronne qui tombe ? ah, ça ne m'enlève pas le sourire, du tout, le grain de vieillesse sur mon visage. Il est plutôt rassurant de ne pas avoir l'éternel à résoudre sur le terre à terre, mais de pouvoir s'envoler tel une escarbille.
Une amie qui travaille sur les femmes derviches, Ludivine Allegue-Fuschini, auteur aussi d'un livre sur l'Apocalypse en Espagne, et bonne peintre, m'avait effrayé à Barcelone en me faisant le récit de l'efficacité des interprètes de rêves, souvent des femmes, dans la culture maghrébine traditionnelle. Rêver d'un amant ou ami intime, dont on a peu de nouvelles, le voir dans la mémoire de-privé de dents... puis apprendre la nouvelle de sa mort. Le secret des secrets est censé selon l'interprétation freudienne des rêves être le désir, ou pulsion... mais c'est la mort, c'est la plasticité destructrice, et il n'y a plus intense plaisir depuis l'enfance que la destruction du beau, de l'aimé.
Et si ! c'est ce que j'ai fait, c'était ça, mon art du collage exercé sur de vrais livres, parfois en cours de lecture, quand j'ai pris au mot "étudier la déconstruction" et que j'ai découpé aux ciseaux des bouts de La dissémination de Jacques Derrida, ou le fait d'écrire du mal sur la Divine Comédie, d'en faire une mauvaise critique de la représentation de Dieu.
Je vous rappelle que l'Enfer fait partie de Dieu...
C'est pour ça qu'il nous fait la comédie, l'enfer c'est lui aussi... Fecemi la Divina Postestate, la Somma Sapienza e 'l Primo Amore...
Il n'y a que les manichéens qui prônent la séparation du Bien et du Mal, nous proposant l'hypothèse d'un principe co-éternel, soit de deux dieux, comme Ormuz et Ahriman, mais en l'occurrence plutôt la Terre de Lumière et le Royaume des Ténèbres, deux natures (kyanin). Et ce terme ressemblant : Deux Natures qui maintiennent la métaphysique persane tout en rendant obsolètes les représentations du clergé mazdéen, par une dissidence qui allait coûter la condamnation à la peine de mort avec tourment à Mani... Peccadilles après pour nous, quand-même, l'on peut aimer le folklore dans l'ensemble, non ?
Ce passage de l'université à la misère... la poésie (populaire)... Shahrazâd...
"Ligerito..."
Alors, des raisons pour travailler sur ce qui m'a été suggéré en cours de route, si vous me donnez le temps d'apprendre l'arabe ou de me faire assister à la lecture détaillée de ce livre que je ne voudrais pas faire passer par la brûlure symbolique de l'écran et d'un moteur de recherche.
A bientôt.
...
Libellés :
compte rendu (français),
italiano,
littérature (français)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire