vendredi 12 novembre 2010

miettes sur un piano


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On dirait que ce piano racontait une histoire, au fond de la fête. La femme avec laquelle j'étais, l'enfant que j'eus, les amis qui dansaient.

Ma grande-mère est au fond de mes rêves, presque nue dans une chemise de nuit, au réveil, me racontant de vrais rêves dont je ne me souviendrai pas encore.

Je suis venu comme toi à Paris, et mon histoire je ne vivrai pour te la raconter, ma morte.

Je pleure pour Néron, qui n'a été compris de personne, et pour Saint-Pierre, crucifié la tête en bas.

Le seul régime de retraite de l'artiste reste le suicide.

L'esprit est comme une petite souris qu'on fait fuir avec nos déambulations, et sur laquelle l'on met notre pied nu un soir par inadvertance une fois qu'il est mort.

La souris morte à la bouche, mon chat d'enfance se présente plein de fierté à ma mémoire déracinée.

Se faire aimer c'est déjà avoir l'amour.

L'esprit mourut dans ma vie, j'habitais loin de sa maison dorénavant. Mais la maison où je passai ma jeunesse hante chacune de mes nuits à Paris, comme l'esprit multiforme de l'oubli, dont le fond de tasse porte toujours une image à l'esprit. Il est bon pour me faire pleurer ou chanter comme un dérangé au milieu du silence des voisins.

Combustible est ton sang de chanvre, ma fleur, mon esprit.

L'on parle de sa mort en énigme quand on séduit tant de femmes aimées.

Je n'en veux pas, donne-moi davantage. Que la mort m'accompagne pour toujours, je demande pour l'amour de Dieu. Mon corps est loin, je suis ailleurs, j'écoute de la musique, le poème n'est qu'un résumé bancal d'une nuit qu'on a oubliée.

L'énigme de la double personnalité est la clé de la folie bourgeoise, et ce n'est qu'à partir d'une trahison à cette nature énigmatique qu'on fait la révolution.

La vie de Pic fut courte, une comète. Encore je l'entends rire du latin d'Aquin, jeune pour toujours, irresponsable du fou devenir de l'Histoire. Dans le ciel, j'ai une fois brillé et tracé un caprice.

Vous pouvez me prendre pour un allumé, mais je crois que ça c'est l'avant-garde, ce faire avec peine qui nous rend charnels.

Moins ça dure, plus c'est beau.

J'ai couché avec des poètes, des esthètes, des prophètes et des cigarettes.

Je suis fidèle au marbre, comme un chien sculpté.

Sa merde était une prière.

Les larmes sont la boisson du diable.

La possession était encore insuffisante, et le médium que j'étais écrivait au passé. Un malaise depuis que l'effet premier était tombé, ta présence me manquait. J'avais encore trop de préjugés, trop de convoitise, trop de paresse. Ce mélange te déplaisait, je le sentais, Satan.

J'ai refusé Ton amour, épris de la beauté de Ton malheur. Je t'ai crucifié, une fois la tête en haut, et l'autre la tête en bas. Tu abondais jadis, tu emplissais ma vie de parfum et de plaisir, tu étais comme les épices, comme le sel sur ma peau quand je sortais de l'océan. Je t'ai crucifié, mon coeur, avec un écriteau illisible et répété comme un journal de métro, comme le clou d'une absence.

Les mots du journaliste sentent la transpiration.

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