vendredi 26 novembre 2010

miettes façon Joseph Losey


...

Mon rire est mon agonie, je pleure ma santé en solitude.

On fit un automate riant pour entreprendre d'écrire le rire.

Mon rire, répété dans un track, rebute ma conscience, en ce que le rire ne peut rester identique à lui-même, ni moi-même répété comme l'est ma voix incorrecte.

Quand l'incorrection est répétée au nom de la vie d'artiste, j'ai envie de lire Le concept de l'angoisse de Kierkegaard.

Avec la distance qui lui donne sa supériorité, ma femme peut m'aimer avec une noblesse avec laquelle je suis incapable de me considérer dans mon for intérieur. J'apprends qui je suis dans sa tendresse, et, même, dans sa jalousie.

La brosse par rapport au pinceau, plébéienne dans les blancs et les tons dits "pastel", dévient rarement patricienne avec le noir chez des gens comme Soulages.

Manque de professionnalisme envers lui-même, le pinceau prend la parole souvent. La brosse est devenue rare, mystérieuse, dans la peinture figurative.

L'aristocrate fait des révérences à l'ouvrier qui passe.

Don Giovanni, chez Losey, est le produit d'une architecture et d'une politique. En dire plus serait comprendre le désir et faire de la politique et arpenter l'architecture.

La femme dévient géniale quand elle décide d'être bête. Moi aussi.

Je cherche les constellations du Zodiaque dans les paragraphes qui s'enclenchent sur un bouquin, un feuilleton russe, la photocopie d'un décret. Est-ce que tu es née en début, ou en fin de paragraphe ?

J'oublie mes défauts si tu me méprises. Si tu me méprises tu ne fais qu'allumer mon orgueil. Ton admiration, à l'inverse, me pique de mon propre aiguillon, et je gonfle de honte et de mélancolie. Ce n'est qu'un baiser volé qui peut me distraire et de l'orgueil et de la honte. En cela ne cherche pas la logique.

L'homme a voulu connaître l'ange à Sodome, et la ville entière a été rasée.

Mettons que j'interroge un ange sur des questions intéressantes, captivé par le ciel, l'ange me rendra à vous amnésique et ce n'est que dans un avion que je pourrais tapoter quelque texte. Confiscation ou censure, l'alphabet et le geste angélique.

Le pouvoir n'a pas de pensée propre mais répète bruyamment ce qu'on dit de lui, comme la perruche ou le handicapé. Il ne reste qu'à être handicapé pour prendre le pouvoir. Il suffit d'une simple lobotomie pour devenir président.

Avidité de prières, la fautive innocence de l'ange qui descend trop bas.

La folie se situe dans le juste milieu entre la démence du succès et le succès de la démence. Et pour se situer là tout juste elle doit poser chaque escarpin à talon sur sa gauche et sa droite, les jambes assez écartées. C'est dans ces moments rares d'équilibre que la folie pisse sur l'artiste gisant.

Le fou n'a besoin de rien pour vivre.

La terreur et le génocide peuvent être économiques. Le seul geste réparateur dans l'Histoire du XXIe siècle est le partage et la pauvreté digne. Encore plus, la mendicité est elle-même la seule activité intellectuelle sérieuse, le seul engagement sincère. Cela coûte ce que ça coûte.

Le vin qui tourne au vinaigre reste subtilement utile.

...

Aucun commentaire: