jeudi 19 janvier 2012

Le Purgatoire (4)


(ce post est débile, je vous prie de lire plutôt le
précedent en cliquant ici)



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Si je fais un état d'âme par jour, c'est pas mal, c'est normal. C'est ce qu'on appelle une production régulière. Je me masturbais huit fois par jour autrement quand j'avais vingt ans. J'en reviens à refouler, vous pouvez vous féliciter que mes exploits n'aient progressé. J'aimerais savoir qu'est-ce que serait devenu le monde si le rythme avait augmenté au lieu de se modérer. Je me suis même consacré à la culpabilité, ce qui est on ne peut plus flagorneur.

Non, l'excellente ironiste je l'ai trouvé à mes frais dans une pharmacie, quand j'ai voulu demander du ginseng (ça va de soi que je voulais rester bandant) et la pharmacienne dans ses vingt ans, en voyant les autres médocs que je prenais et ma barbe mi-rasé pointillé de poils blancs, m'a filé un truc pour seniors, marqué grand "seniors", me disant : il y a même des jeunes qui le prennent.

Donc, je suis allé voir les communistes, ou ex-communistes, ou bon, je sais pas, les malheureux cassés déjà bienheureux seniors de la petite culture parisienne, à l'atelier de Roger Pic, côté Montparnasse, dans un vernissage récital où l'on rendait hommage au peintre Pierre Labrot.

Je ne pouvais être qu'enragé de mes confrères "les jeunes", et surexcité par quelques présences "plus jeunes", mais ça s'est passé sans une particulière détestation ni adoration. Bon, en tout cas à mon âge on se regarde les uns les autres d'un air dupeur et l'on pique des colères et sinon on passe à un enthousiasme qui chute au bout d'une cigarette. Je ne sais plus pourquoi je n'ai pas encore parlé de Shelley ni d'art. En fin de comptes, on parlait du "dispositif" et moi j'ai raté le dernier métro. Mais dans de circonstances de la sorte on ne parle jamais sous la modalité galère, il y a toujours une ressource surprise pour les veinards de l'anarchie qui savent s'orienter.

Sinon, mon grand-père a été en effet fusillé pour sabotage, pratique à laquelle je tiens, et à l'action directe aussi, quoique, enfin, j'ai dû avouer que l'action directe était une chose que nous disions en tant qu'anarchistes pour signifier qu'on avait la flemme de perdre le temps à expliquer ce qu'on faisait.

Ah, ça me rappelle qu'un dictateur fasciste italien a fait ses armes dans des groupuscules anarchistes, et bien que je me suis cassé les méninges à dévoiler le dictateur dans mes propos. Mais non, je suis le genre d'anarchiste monarchiste et foncièrement, foncièrement... quoi ? J'aime prendre un ton despotique quand la conversation risque de devenir ennuyeuse, mais sinon... Bref, je préfère courir des jupons et pas beaucoup plus. Bon, faire de l'art et souhaiter la chute du régime, sinon.

Je suis pas à la hauteur de la délicatesse de Geneviève, pour laquelle j'aurais voulu poursuivre avec les strophes suivantes de Shelley, très savoureuses. Mais c'est le manque de ginseng.

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