lundi 18 avril 2011

Dans le passé


nos quoque frugiferum sentimus, inutilis herba,
numen et invita iuvamur ope


*

Une gitane m'a dit dans le passé

à l'aube la première sous l'ombre trouble

de la cathédrale de Grenade :

"Tu feras pleurer une femme"

sa bonne aventure ma main dans la sienne

nos yeux buvant une liqueur matinale et triste

je n'avais de quoi lui payer la monnaie

et je lui ai rendue sa branche

"je te rends le romarin, mais je ne te rendrai pas ma chance"

déjà ton amour, maîtresse, était dans la douce détresse

de mère et de danseuse de la belle diseuse

sa docile sagesse comme le lion de Saint Gérôme

la branche rendue fut mon retour de Rome

*
Je ne change pas de gitane

aux pleurs je ne change les joies vaines

je reste fidèle au crépuscule décevant qui fut ma vie

pour y revenir et faire souffrir, c'est ma seule innocence

la lie sobre de ton malheur et la lance

qui s'avance dans ma folie et l'insuffisance du scrupule

je te pénètre, ma fleur, ma coupe, d'une lettre

et je fais suivre le cuivre à l'or dans mes caresses

le manque à l'amour, l'univers respire ainsi

tellement de messes obscurcissent le trésor, ne t'ai-je

dit que j'étais fou ? ou toi-même n'as-tu ri du ridicule

et de tant de ces vertus bizarres ? Le duvet noir

de mes fesses d'espagnol est juste une danse fugace

et de face le miroir te voit pleurer ce soir

c'est bête que j'attrape la lune de ton visage

dans le regard idiot de mes lunettes

"je ferais pleurer une femme" et je m'exerce au poème

double est mon dilemme quand les larmes reviennent

et l'aine ne m'aime autant que l'âme

*

2 commentaires:

Marie-Agnès Michel a dit…

Tristesse, mon amie,
a ri en lisant ceci
dans ses yeux pleins de larmes
tes mots dansaient
Manuel.

Manuel Montero a dit…

Depuis la caverne

le mot danse

pour un lendemain