dimanche 8 mai 2011

Nouvelles conversations de Dalilah et Guido


Nouvelles conversations de Dalilah et Guido

Guido

Le briquet rouge pour l'amour, le noir pour protection

mais dans ma poche juste il y a de l'amour

tant pis

je fumerai le risque

Tu m'annonces ma mort

poignardé dans le dos, que ce sera toi

l'auteur, le baiser de la vipère

je fume du sang de Cleopatra

nous avons écrit déjà ma malédiction et la tienne

ma trahison sera mourir

et la tienne te blesser avec ton poignard vivant

ma honte et ta langue

qui de nous est poignard et qui gaine ?



Guido

Je saurai reconnaître la ciguë persillée et pudique

le silence par le philtre, la drogue unique du philosophe

ce sera une promenade sauvage l'ultime délicatesse

qui nous fait cueillir l'herbe du suicide

Mon corps sera à mettre quelque part

dans les livres et dans la peinture

Guido l'athlète sera philosophe socratique

par le pacte de l'illusion

la littérature, le cinéma sont un contrat

avec l'art qui viendra et que notre corps marchande



les réponses de Dalilah s'écrivent en réponse ou en question aux poèmes de Guido

Guido

Tel un voyou dans les fantasmes

dans la lettre du mensonge

j'ai fait battre ton coeur



Guido

The Illustrated Strattford Shakespeare

faisait du sur-poids pour mon vol

sera-t-il resté sur l'étagère ?

*
Guido

Lequel ou laquelle tu préfères

des phrases de Shakespeare ?

Peut-être le délire n'est que citation

tu es capable d'écrire la meilleure tragédie

dont on se souviendrait et tu serais

Ophelia la muse du poète

Mais tu es Dalilah et Sanson expire

quand tu m'ajustes le front



Guido

Dissoudre la structure de ta sueur

dans le champignon total et rapide

de la mort du désir par la jouissance

ta chair divague dans le plaisir

d'un rien, d'un disparu, d'une soeur au pied de ma tombe, mon lit d'oisif

avec le seringue et le dicton de la panique

"tu calmes" me diras-tu dans la promenade

"ferme-la" je pense que tu vas me dire

et la peur que je renifle est d'ambre et du cristal de benjoin

toute grâce est ta posture



Guido


Quelque part dans l'enfance

dans le monde invraisemblable des fantasmes

est prévue la manière de la mise à mort

pour chaque femme, pour chaque traître à la loi

nous avons lu ensemble le livre du temps

notre crime est l'inceste

ou bien je te confonds avec la mère

de mes neveux



Guido

La confiance d'une nièce

le poignard dans le dos d'une belle-soeur

tu dépasses la lune par le teint

l'arc d'Apollon pour maudire tu tends

tel un papillon



Guido

Il y eut un sauveur, un nouvel Adam

nous l'avons fait et c'est artificiel et éphémère

l'homme est toujours l'homme et rien de tel

arrive au dieu, ni la fumée, ni le rêve

il est seul, il est poète, chez lui l'homme n'est pas l'homme



Guido

Le soir tombe doucement

ceci est ton silence

tu ne me réponds

qu'avec licence de mal aimée

nonchalamment

Vais-je publier que tu me manques ?

Vais-je, tel Orphée ou tel Orlando, secouer les larmes des saules ?

J'arrache l'arbre, l'arbrisseau, l'enfant

au silence d'une femme, je secoue la lettre

les lions ont du salpêtre dans le faux marbre des yeux

le soufre qui soigne et qui affole

la farandole du poème se baigne

habillée de malchance si elle se veut

du devant

nue sous sa loque elle trempe dans le dragon

et la feuille morte se mouille du philtre

pour ma disgrâce je porte ta trace

dans la mémoire du coeur et dans le noir

des étoiles qui dansent la mort de l'espoir

Dalilah, je suis perdu dans l'île

le vent est plus grand dans son chant que l'araignée et le peigne

sur l'orchestre Melusine chemine en nageant

et mon livre est scellé à une seule page

mais libre est la lecture de sa fin

la jalousie de l'usure ne déteigne ta crinière

tu ne serais la première à m'avoir tué des feuilles

tu serais la ciguë deuxièmement, je connaîtrai la ciguë

déjà l'instant avant

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1 commentaire:

Elvira a dit…

Bello, Manuel. Aunque fumar riesgos me parezca un tanto atrevido. Tanto tiempo sin pisar tu cabaña. Salût!