lundi 14 décembre 2009

Life On Mars (invitation à l'ekphrasis)


L’artifice du roman ou du film disparaissent dans le clip musical comme dans le délire du drogué et l’imagination revient à son naturel chaotique et exclusif. Je voudrais parler d’un voyage hallucinant qui résiste à se mouler dans un récit. Ce n’est pas un délire à moi, mais à une amie. Je ne peux que essayer de l’imaginer en ami et en artiste. Pour les quinze lecteurs habituels et les occasionnels qui font monter le compteur jusqu’à vingt et quelques ou parfois, quand le titre est accrochant, à peu près quarante. Elle ne m’a jamais fourni un récit unique et articulé, mais quelques rêves imprécis et quelques sorties symptomatiques, mais la possibilité d’écrire m’est venue à la tête en écoutant David Bowie.

La forme coûte chère. Une narration en prose ferait sacrifice de l’intensité "musicale" du délire et du trip. Semble plus appropriée l’écriture poétique. Mais la poésie ne laisse que suggéré le vraisemblable. Reste le compromis de la prose poétique, trouvaille qui ne l’est pas des maudits français.

Moi aussi j’ai eu la forte sensation du cosmonaute les premières nuits passés à mon atelier parisien, quand le seul objet était la moquette et je m’étais dit qu’il fallait que j’imprègne le lieu. Les fluorescents qui éclairaient d’une lumière écrasante le gris homogène, la noirceur de la nuit.

On pourrait se mettre sous la musique obsédante de l’ekphrasis ou description de l’art, de l’objet d’art imaginaire qui est fait de synesthésies ou glissements sensoriels et entre des catégories voisines mais étrangères par essence. Le délire et le trip sont une essence impure qui nous trouble, comme l’union sexuelle pour le névrosé.

Ou bien devrais-je dresser le portrait d’une femme marginale mais pourvue d’un fonds surprenant de mondanité aristocratique, due à son milieu original. Qui corrige ma prononciation erronée de l’anglais. Me confesser envieux de ses rêveries foudroyantes, fasciné par le pouvoir de l’image dans sa maladie. Je devrais rendre l’extrême sophistication et délicatesse de ses dessins qui s’entassent et tendent à être détériorés et devenir de plus en plus complètement hors champ pour le marché de l’art.

Souligner sur ce chaotique manuscrit que je chiffonne l’héroïque lucidité et amabilité de mon amie, malgré le désespoir où tout semble baigner. Tout comme une baisse de sucre dans un concert à puissants haut-parleurs.

Vous pourrez prétendre que mon amie n’est qu’un leurre et que je parle de mes visions. Ceci sera approprié pour la situation actuelle d’elle et moi, je ferai écran, devant une position dans l’art qui demande discrétion et des renvois subtils.

2 commentaires:

Manuel Montero a dit…

A travers l'oeuvre que j'évoque, l'on s'aperçoit du lien contemporain entre science-fiction et mystique, par le truchement du merveilleux, quel qu'il soit.

Anonyme a dit…
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