mercredi 3 juin 2009

lettre à Berthe

Chère Berthe,

le démon qui préside mes jours, et qui parfois me jette dans des plaisirs impurs et miroitants, a voulu dresser une scène où tu es soustraite à mon esprit. J'ai tellement de fois pactisé toujours un peu plus avec ce démon... et tes moments d'absence, oeuvre de son illusion, me font à eux seuls liquider toutes mes dettes, englouti par la sirène de mes douches, coulé dans l'eau pour toujours, dans cette roche d'obscurité qui est l'enfer.

Seul le pape peut sortir, et sans que cela fasse précédent pour ses successeurs, un homme de l'enfer. Tellement le fit Grégoire le Grand à son époque. Je suis tordu de plaisir et je sors de la roche obscure les instants où tu me saisis et me tires vers la verdure et la lumière de la vie. Je t'ai peinte en papesse, et le contrat du coeur ne peut être que selon la loi d'amour. Dans la torpeur de ma damnation, de la prononciation parisienne la seule grâce de ta voix d'ange a pu m'apprendre le mot coeur, dans sa prononciation intérieure. Un égard du dieu pour l'étranger, un rêve dans la mort. Depuis ton trône tu es capable de sauver l'âme du même Lucifer, et tu le fais avec mon démon et moi tel une déesse tellement douce que je veux pour toujours te remercier.

Tu viens chaque matin rallumer une étoile morte et changer la nuit en jour, avec ton bruit léger d'abeille, d'antilope parmi les lys de la réalité. Je suis baroque, je m'abandonne à toi et le ciel déborde son pétrole et voici la mélancolie de l'ange. Des longues explications de sa longue douleur enfin abolie, merci toujours.

Manuel

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