lundi 2 septembre 2019

2 cauchemars





(premier cauchemar, à l'atelier)

la persiane plus loin dans la nuit répond à ma sortie
je jette nu des pépins de citron sur la terre bêchée
juste un instant, un voisin dirait-on etait à l'affût
après vomir, dans un soudain réveil noir et lucide
satanique le rêve lourd de la Californie du sud de l'Europe
ma terre maudite et sanglante encore, ses jardins chauds
les touristes comme des vampires dans leur vulgaire splendeur
je contemplais un homard malade qui m'etait montré vivant dans la décomposition
il luttait, me disait-on, encore contre sa maladie, sorte d'épaisse moisissure
il regardait, le homard, paisible comme une vache ou un père repu
son angoisse était partielle, et mon répas de l'herbe
compliqué jeu de menaces, couteaux empoignés par des tentacles de pharmacien
coloré par l'ambivalence d'une putain infecte au téléphone annonçant le martyre
le palais du jour de Babel tremblait, c'était moi, mes organes des chambres
ma cour l'univers, sorte de cloaque finale, comment revenir au vivant ?
j'analyse, tel Hipocrate ou Galène, les causes physiologiques du cauchemar
puis je substitue, rationnel, le café que j'allais prendre par un grog de thé noir
c'est pour ça que j'ai jété les pépins
les conclusions littéraires sont d'une telle ampleur
que ça me dépasse comme à l'adolescence
mes décisions ne le sont, sont indécises
et mon érotisme municipal pue l'indécence, que peux-je faire ?
je vole de ville en ville, chaque fois persona non grata, chaque fois le roi
je vois dans Paris le Babel de Satan, dans les villes andalouses des épiphanies du malheur et l'angoisse absolue, puis je me rends compte
que j'ai perdu le vrai contenu de ma mémoire, que le diable
est bêtise, non pas de l'excellence, que l'honorer n'est que violence
et que finalement tout bien, dans un réveil trouble, pourrit dans la nuit noire
si l'energie se perd, si l'on est victime, on disparait
mais que ce flux vers l'enfer nous traverse d'avant
que notre capacité de parole et d'image est un charme
un charme de vie, parlons clair un instant, la poésie
est utile pour créer des liens, fragiles, entre des feux follets
car il n'y a que ça
le lien entre une villa hollywoodienne et un hôtel particulier boulevard de Clichy
avec le vagin d'une très jeune modèle pudiquement nue sur le cuir de mon fauteuil
fécondée par Zeus, hostie
le caramel de son con cambré comme un baiser d'opium amer et fort
totale chimère de l'ambre menti, la femme est une autre, plus loin sa main
trahit mon honneur écrivant avec du foutre des généalogies
je voulais parler du Baphomet, du jeune adolescent pendu, de Mithra au contemporain
du Centre Pompidou, du Sacré Coeur, du livre bizarre que Klossowski trace
de Kenneth Anger
et de ma reference à cette mouche cochère du fantôme de l'argent
bonne chance du crachat, oracle infame et santé naturelle
l'aube et le vol d'un pigeon à la porte, la voix d'une femme plus loin
se déposent une seconde et signalent l'oubli, nécessaire

(deuxième cauchemar, chez Eve)

Oublie ce que tu as (...)

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