à tous les vins forts de la vie l'image veut que nous tenions
nous soumettons l'image au régime de l'espace, à l'économie
mais ces vins forts sont là
les vins noirs et l'eau lustrale
dans les perles savoureuses de deux grenades
tel une jouvence fêlée qui sommeille ses plaisirs
l'abstraction de l'instant dans un rempart ambulatoire
et dont la solidité est faite pour la guerre et pour l'exaltation
tout angle comme le tir de l'arbalète et le mépris royal
le chat de l'oeuvre, logé dans le sceau de la chimie du pauvre
nous avertit des passants, à nous qui buvons son vin interdit
à nous qui attendons les secrets depuis l'instant vécu, à la porte
l'oeil précis qui nous adresse au fond de la pente
soutenu aux arômes de la montagne à vue d'aigle ou de sorcière
l'oeil vole dans l'arôme sur un terroir peuplé d'une chapelle
c'est l'Andalousie, incommunicable, vin fort qui nous assoit
en silence se passe notre photo mourante pour le repentir
les ballons pleins d'eau attendent les petites destinées
des rares femmes qui oeuvrent par leur beauté
font le choix des peintres qui se succèdent tels les styles
et dont le souvenir nous vient chargé d'objets précieux
ce sont elles qui lisent dans la jupe de l'enfant
la rage de vivre qui sort respirer au balcon
la jupe est de gitane, une petite artiste
dans le quartier des pauvres chaque rue est un escalier
les maisons tombent comme les dernières dents du sage
la bicyclette est notre ânesse et l'on met toute adresse à la peindre
le grenadin répand de la monnaie au pied d'une croix de fleurs
des groupes d'enfants la font d'oeillets, bois, céramique et nappes de soie
sans qu'il leur manque le cuivre et le sourire
des gifles reçues Dieu a les joues noircies dans sa vitrine
le coeur surprit du flash, le regard d'une psychologie qui n'est pas d'ici
il a bu avec nous la lie de son sang
des meubles pour se prosterner, des fausses fleurs pour l'éternel
plus on s'attarde sur Dieu plus on sait qu'il est déjà ailleurs
ivre perdu d'une douleur et d'un plaisir extatique
il se sent flotter dans son église, il se perd dedans
la pitié première nous impulse à nous faire remarquer de Dieu
un éclair dans la poitrine d'une mère de Dieu est la dernière coupe de vin qui nous évanouit
son fils est mort et il était Dieu, elle semble crier
le cadavre est trop triste à bercer
la pudeur rend gris les deuils du ciel
caché derrière les fleurs et les reflets de l'intelligence
le gris des mortes statues qui simulent l'instant sacré
nous révèle le spectacle de nos âmes qui veulent encore un verre
encore un verre de Dieu, une découpe de sa jeunesse
la fréquence des prières des mères nous rend lucides
le temps revient de savoir où l'on est
l'église est un lieu de mémoire et d'oubli
oeuvre d'art qui nous fait désespérer
nous ne pouvons entrer dans un souvenir
mais savons reconnaître l'oubli dans ses contrastes et ses lignes de fuite
Une croix est un arbre qui se fait connaître
un palmier, un cyprès, un arbre nu dont on ignore les fruits
la voiture de chacun, au soleil, l'auteur blasphème
connaissent un jour ses branches qui tiennent une petite lanterne
et le pubis de la pierre qui est sa racine
et le sel d'argent du souvenir de ce repas dans l'arbre
vendredi 23 avril 2010
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