mardi 2 février 2021

Sur Dante, Fourcade, D'ac


Il faut relire le début de cette chronique de plusieurs années, il faut se dire que celui qui vieillit en Inde et devient renonçant est forcé de formuler une répudiation générale de tous ses proches, et ce moment de rupture émotive instaure le traumatisme nécessaire pour assouvir ses voeux nouveaux. La chance de l’homme oedipien serait d’être, comme aurait dit Drieu de la Rochelle, un « homme couvert de femmes », puisque à l’errant, au renonçant l’accompagne sa fille damnée, qui lui reste fidèle. Une surprise du destin, la hybris incestueuse s’adoucit-elle par le théâtre, par le vagabondage de la plupart des artistes ? J’ai utilisé le plus graphiques des procès structurels pour définir Berthe, mes parents et mes tantes auxquels je dois presque tout dans le maintien de ma situation, cela s’appelle mordre la main qui donne à manger, mais il est fréquent chez le névrosé et parfois chez le psychotique, mais pas pareil. Je vais rendre, donc, vivantes les émotions contradictoires de ces années, et vous conseille de rester sceptiques et ne pas faire du commérage. S’il arrive que je nomme ce journal, plutôt critique d’une chrestomathie, comme journal intime, il n’est pas non plus faux que tout ce qui était intime est perdu par de successives censures et qu’en grand partie c’est un matériel irrécupérable. En voyant cela, deux avis m’ont été soufflés : recommencer « en bloc » l’écriture de mes mémoires correspondant à la période, ou bien assumer, pour pas chaumer, que mon écriture soit fictive. J’ai protesté contre l’idée de fiction, car depuis toujours je réagis contre cette bêtise académique de la plupart des romans d’exercice. C’est en parlant avec mon amie Nadja qui traduit des thématiques gitanes épineuses pour le rédacteur académique, que la fiction est redevenue un mot plein de sens. La fiction comme telle ne le serait jamais, et si elle est nommée ce serait pour voiler la liberté de ton.

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