dimanche 21 février 2021

Montero à Rabat / Breakfast Club (1985) Bande annonce française


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En égard des élites marocaines, à ma connaissance, ayant été invité à exposer du nu à l’huile grand-format à Rabat en juillet 2009, il m’est utile de dire la fin d’analyse en revenant ici et maintenant, pour QG, ne soit qu’en commentaire, sur mes cahiers de notes et journaux intimes de l’époque.

Bien que la nature violente du tourisme ne peut être inconsciente qu’à titre de présomption, la conscience n’est pas suivie d’action conséquente que par ce que l’on appelle prise de conscience. Or, celle-ci, bien qu’elle aurait pu être foudroyante, fait son chemin avec peine la plupart des fois, et à contre-courant, sinon on ne parle de cela mais de conscience de classe. Le touriste qui se pourrait d’opérer une réparation révolutionnaire doit puiser dans ses ressources de mémoire de classe le point où son camp a été éventuellement aussi celui des oppressés et ce qu’il pourrait faire dans le sens des délivrances et actions révolutionnaires. Le plus de fois, pour moi, l’action correcte trouvée et plus efficace a été de me désolidariser de toute action à l’étranger pouvant m’investir d’un privilège et donc en conséquence m’ériger en pilier, en patte, du monstre colonial

Ainsi donc, je me suis abstenu – et cela n’est pas un grand effort car la précarité et le manque d’argent m’ont beaucoup aidé – de toute démarche touristique dans ma vie depuis 1992, c’est à dire depuis mes vingt-et-deux ans et mon entrée en psychiatrie. Nonobstant, donc, pour en venir à mes souvenirs du Maroc, auprès des bourgeois, c’est la conjoncture de l’exercice de la Peinture en tant que métier « libérale » et d’avoir voulu pousser cette condition au point où je puisse sortir des conclusions utiles à de bonne cause, que le fait d’entamer connaissance avec les élites a été admissible pour cette conscience révolutionnaire installée en 1992. Il est su, par ceux qui par le fait d’écriture, confrontent et le discours et les promiscuité de l’élite, que l’élite se pose en besoin d’en être à un point poreuse, elle a besoin des artistes, des informateurs de toute nature et à tous fins, de ceux qui portent un peu d’air frais, un peu de sang jeune, ainsi arrive des fois qu’ils peuvent aspirer à vivre en esclaves de luxe dans une cage dorée. Peu avant d’exposer du nu au Maroc j’avais peint le portrait d’une marocaine illustre, la femme de J M Le Clézio, Jemia. Connue par l’intermédiaire d’un journaliste, marocain aussi, chef d’agence France Presse à Paris, Abdou Berrada, et de Debia *** tenancière de La Grappe d’Orgueil un bistrot parisien, Jemia pût exprimer en amitié – non sans me sembler actrice d’un monde et un mode de vie de farce et attrape – sa mélancolie, son étrangeté à Paris qui la faisait sentir « une sorcière », extraite, siphonnée par son mariage d’une société d’indigènes qui viendrait en peu de temps à être détruite par sa classe parisienne d’adoption

Notons en cela la condition d’otage, l’aliénation sanglante d’une partie de ces artistes qui constituent les élites

Or, dans ce contexte, je fais en 2008 connaissance de Hakima Lebbar, psychanalyste qui tient une galerie d’art à Rabat, au centre ville et qui me propose d’exposer, en individuel à sa galerie et qui en plus ne rechigne mais acquiesce à ma provocation d’y proposer du nu, pour faire entrer de l’air dans la culture marocaine, même si cela venait donner à entendre une nullité flagrante de celle-ci, ou sinon en tout cas, un état totalitaire, s’appuyant sur le chantage religieux, qu’il faudrait destabiliser

Le chemin et transport furent faits à l’aventure, dans la voiture d’Abdou, sans dormir, Paris-Rabat, avec les grands rouleaux de toile qui étaient mes peintures, accompagnés d’Eve Livet et poursuivis au décollage parisien de notre long chemin par une ex-femme d’Abdou qui aurait prétendu à ce qu’il semble l’assassiner devant Eve et moi.

C’est l’accueil sur place, à Rabat, où se posent pour moi les questions touchantes à la dimension culturelle spécifique de la colonialité française. Un ami d’adolescence d’Eve, Olivier Rauch, était ces temps le proviseur du lycée français de Rabat. La galerie de Hakima, le lycée, la villa d’Olivier étaient dans le même réduit arrondissement du Rabat moderne, et la villa de lui était côte à côte du bunker de la Fondation Pie X, secte ultra-catholique de l’extrême-droite française ayant donc, au vu du vu, pignon sur rue au Maroc

Je n’aurais pas d’objection à faire à l’hospitalité d’Olivier, il nous a cédé sa villa vide en été – car l’expo « Le corps » eut lieu dans les deux semaines qui précédaient le Ramadan, en ajoutant du piment aux exploits du provocateur Montero – mais c’est en cela que l’abord disponible de sa maison, l’insignifiance de sa bibliothèque et l’intronisation des oeuvres de Céline m’ont permis de faire le lien avec la construction d’un anti-sémitisme qui serait chronique chez les arabes de la part d’un programme d’acculturation par oeuvre de « la culture française ». Le sens, le signifié de ce Céline pour seul livre à emporter sur une île déserte musulmane m’est apparu clairement comme l’enjeu à analyser et en ce sens plus tard je ne pouvais que me réjouir du tournant « littéraire » qui faisait écho dans le pamphlet de H.Bouteldja qui nous a tous réunis à la fin

La terrasse de Ouarzani, soupe et brochettes, beignet au miel et cacahuète, devant le stade de foot, où l’avertissement était que « nous » étions blancs et pour autant cible des islamistes, me paraissait résister à ce théâtre forcé où le touriste métamorphose de par sa présence l’indigène en terroriste, fort heureusement d’autres lectures de la scène se rendent à ma réflexion, du fait qu’en peintre de terrasse j’y porte l’avis des bombes à bon port

Manuel Montero

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