samedi 11 septembre 2021

Le cinéma d'hauteur passe au dessus de toutes les consignes bas du front...


IMPLICITEMENT C'EST SUR LE MASQUE EN TRAGÉDIE GRECQUE


mardi, 13 décembre 2011.

A l'adresse de mes amis de ces jours.

Je vous expose à plat la question du théâtre chez moi. Ailleurs j'ai déjà dit que j'étais cette sorte de peintre qui voudrait donner sur d'autres mille et un projets. Très tôt j'ai eu pour modèle dans ce genre l'aventure de Salvador Dali, qui est arrivé à enregistrer une opéra en trois disques, que j'écoutais dans mon adolescence tardive comme le summum de ce que, moi, j'arriverais à être. Une espèce de monarque, un aristocrate par grâce du métier fondateur du peintre. C'est bien pour cela que j'ai voulu faire le plus classique et le plus poussé en même temps, dans le domaine pictural, tirant profit de mon habilité longuement mûrie pour le dessin. Il y a quelque chose du "fondateur de secte", puisque depuis mes premières lectures augustiniennes je me suis très vite identifié au fondateur du manichéisme, qui était peintre selon Michel Tardieu rapporte. Mais je vous écris cette note non pas pour mettre à plat ma mégalomanie, qui est un affaire qui me dépasse, par essence plus ample que ce que je peux en tant que sujet rationnel maîtriser moi-même, qui me rend sujet par égard de celui qui viendra "m'assujettir"...

Il s'agit bien de préciser le déroulement du projet "Teatro de Azufre", qui a porté dans sa sarabande d'autres personnes que moi, non sans que chacun y mette de soi un certain risque. Pour l'instant le projet semble s'être brutalement arrêté, dans un collapsus général. Il avait été ainsi déjà arrivé avec la première tentative de mise en scène en 2000. A l'époque j'avais un autre atelier, non pas à Paris, mais en Espagne, un vieux moulin en pierre grise (une variété locale du marbre, qui est fréquente à Grenade). Nous avons fait plusieurs répétitions dans le froid de cet atelier où nous avons dû faire de la place entre les multiples accessoires dont Lia Guerrero et moi nous servions pour faire de la peinture à l'huile et à la cire, plus de la sculpture parfois. L'enthousiasme qui animait les jeunes acteurs, complètement volontaristes, intéressés à mon texte en partie à cause de ma réputation de freak et d'érudit en même temps, m'a depuis mis sur la piste du désir dans ce qui concerne mon implication dans l'idée du théâtre. Un désir qui appelle à la retombée, à la répétition d'une catastrophe...

Le travail d'écriture est une des choses que je voulais mettre à plat, mais il semble plus urgent de faire état des démarches récentes de traduction et du projet arrêté à sec de deuxième mise en scène.

Il faut préciser que Teatro de Azufre est composé de trois pièces différentes, dans des époques historiques qui viennent dessiner un curieux parcours de la pensée : la première pièce prend pour personnages Néron, son entourage, et Saint Pierre, la deuxième met en scène les libéraux franc-maçons espagnols partisans de José Bonaparte dans la guerre napoléonienne d'Espagne, et la troisième traite d'une façon assez "bizarre" le conflit Israël-Palestine.

Le caractère tragique des poèmes dramatiques, non sans ressemblances avec le tragique décousu de l'Empédocle de Hölderlin ou la Penthésilée de Kleist, venait être donné chez moi par la conception du théâtre apprise de la génération de mes parents. Ce caractère tragique était fortement politique, lié en même temps aux aspirations d'une démocratie réelle, soit d'un communisme, et en conséquence lié à une sorte d'activité artistique d'ordre révolutionnaire. Mais d'autres considérations venaient rendre opaque pour moi le sens de ma démarche : j'avais des penchants que je nommais "contemplatifs", pour la mystique, pour le symbolisme décadent, pour la poésie baroque, et pour la pure cruauté tel conçue par Artaud, mais aussi en tant que démarche érotique et libératrice, qui ne pouvait se faire que depuis l'innocence et la bonté, même si je risquait d'être peu crédible sous un regard profane ou inquisiteur...

En tout cas, dans sa dérive proprement parisienne, Teatro de Azufre a été partiellement traduit en français avec l'aide de Marie-Agnès Michel, et je vous présente un document sonore que certains de vous connaissez déjà, mais qui risque de rester une rareté. Il était convenu d'en faire d'autres de la sorte, mais...

Puis un deuxième document sonore très singulier qui est la répétition du début de la troisième pièce, Théâtre d'odalisques à talons d'aiguille, par Sarra Majdoub (le son est très atténué par l'enregistrement et tout comme la première tentative espagnole, il était question d'un parti pris risqué de sa part que de s'engager dans un projet qui n'avait du tout l'allure d'être solvable à court terme).

Suivent quelques lectures par moi-même des voix masculines de la troisième pièce, celle des odalisques.

Pour conclusion, l'état du projet à présent à mon avis est un collapsus de facto. Je suis enrhumé. Il avait été question de parvenir à être produits, soit par la plate-forme F4, soit par Pierre Merejkowsky, qui était partant aussi pour jouer la voix d'un personnage dans l'enregistrement sonore, soit par mon éditeur et producteur Meligrana Editions. Je songeais en l'occurrence proposer une lecture "en théâtre de société" au Salon Oedipe, tenu par Delia Kohen et d'autres psychanalystes, et qui avait exposé auparavant ma peinture, et peut-être d'autres issues auraient pu se dessiner.

Savez vous que le duende, tout comme la tarantella, est une maladie ? Pensez-vous qu'il n'est pas en train de ruser contre vos médicaments, chimiques ou idéologiques ? Savez vous que la Peste (cet ange chanté à l'île de Patmos) même si saisonnière, même si soumise à vos remarquables progrès, une fois qu'elle vous tue, vous êtes tués ? Vous exploitez ? Vous allez exploser... Sarcophages pour oreille, foutre de Dieu dans les yeux, les canins et les incisifs au prix du toc nicotinique, le reste refait, étrange, vous êtes le pantin de la dominatrice ennuyée, qui va vous faire tomber plus bas, faute d'autre chose qui puisse vous contenter. C'est ça, Paris, et la beauté des gitans excite les chiens des concierges et des gendarmes.



Articles bon-marché pour la révolution


(11 août 2011)


La Revolucion para debutantes :


Arriba las manos, todo el mundo al suelo, esto es un ingreso.


El secreto del 2 x 1 es vender 1 por el precio de 2.


Y la Resistencia para bicicletas :


Todo partido democratico es necesariamente ilegal en un sistema estadistico-electoral




Conséquences d'assemblée :


a) Dominique virée par le comité central, soit Pierre, à cause de ses trois/quatre phrases


b) Pierre considère contre-révolutionnaire de dire : "j'aime travailler dans tes films"


c) Manolo signale l'Oedipe de Pierre en égard de Dominique "en tant qu'elle serait la figure de ton père"


d) Pierre s'intéresse à savoir comment Dominique peut être son père "puisqu'elle est une femme"


c) Manolo menace d'ouvrir un procès pour homofobie à Pierre, "gender studies" à l'appui (suivant la tactique que la misogynie n'est pas encore délit grave et que ça amuse Pierre plutôt que lui faire peur - peur et suspense sont propres à l'efficacité du spectacle : Sophocle)


d) Autocritique et repentir de Pierre


e) Manolo dresse le suivant rapport sur le camarade Oedipe : son premier crime n'aurait pas été le parricide, ayant déjà tué le Sphynx, qui occuperait la place de la cousine


f) corollaire du précédent : l'oracle ne prend pas compte des mêmes questions que sa suite dans le spectacle tragique


g) corollaire anarchiste : de même que Freud rejetait le lumpen-proletariat comme inutile à la révolution, le fait de rejeter Dominique à cause de l'amour (de travailler dans les films du comité central) est une erreur marxiste comme celle de Freud


h) Pierre demande à dresser le brouillon d'acte de l'assemblée et Manolo coopère avec la page de garde du Proletariado en apuros, qu'il dédicace à Véronique, machination pour qu'elle devienne trésorière des actes de Pierre et pour lui formuler une demande de prise en charge


i) Jacques Lacan interdit d'écriture, puisque dictateur et instigateur à la dactylo


j) corollaire du précédent : Jacques Lacan n'existe pas


k) en communication à la sympathisante Eva l'on attribue à Franz Kafka le Point K


l) Eva étant pour Manolo une beauté grecque d'Asie Mineur ils partageront la cellule Elle Aime Paris, dont l'objectif sera la déconstruction de la loi : La France tu l'aimes ou tu la quittes


m) Pierre met parfois Bagdad en On/ parfois en 0ff, pour ramener la sympathisante Eva à la théorie de la praxis


n) l'on convient que le premier appel au meurtre non puni par l'assemblée à été le parricide symbolique sur la figure de Dominique, qui montre bien que Pierre n'a pas dépassé le camarade Oedipe, malgré ses efforts, puisqu'il ressent encore des envies de passage à l'acte (symbolique)


ñ) ce point introduit la section espagnole indignée de l'idéologie bourgeoise.


o) autocritique et repentir de Pierre


p) l'on discute du droit de brûler le drapeau français sans que ce soit délit en tant que privilège des artistes


q) que ce soit lumpen ou prolétariat tout court, le public algérien ne peut siffler la marseillaise et doit payer une amende politique et financière puisqu'il n'appartient pas au comité central, mais on a quand-même un peu de pitié pour eux et l'on évoque le ridicule fétichisme nationaliste de Ségolène


r) Selon la section espagnole le fascisme et le capitalisme sont une et la même chose.


s) Selon Manolo dans ses actions oraculaires avec Dominique le discours de la laïcité est déclaré nul car, si comme rapporté par Dominique il pratique la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il ne fait que multiplier par 2 le Capital.


t) Illustration du précédent : l'Eglise garde le canapé d'Ikea et l'Etat la table d'Emmaus, la séparation dramatique ne justifie ni l'une, ni l'autre


u) corollaire du précédent : Il faut détruire aussi bien l'Eglise que l'Etat


v) toutes les actions oraculaires tenues aux différentes séances contiennent de la nicotine, ce qui revient à dire que leur théorie est de la botanique moléculaire


w) l'affiche de la section espagnole montre Manolo avec un pamphlet de Leopoldo Maria Panero sur le Marquis de Sade et l'impossible révolutionnaire


y) appropriationnisme de Pierre sur une idée de Manolo, pour un slogan : Inertie révolutionnaire. Sauf si l'appropriationnisme est du détournement grâce à la clause ajouté par Pierre : Stagnation active


z) Lady Macbeth : to bed, to bed (entrisme à l'anglaise)




Dialogue de fakes à propos de la Spanish Revolution



Fake espagnol


Bonsoir Catherine, excusez que j'ose


juste vous demander votre avis


sur une question générale : la révolution (en Espagne... etc)


j'ai lu des écrits à vous


avec Tobie Nathan


puis j'ai le Que sais-je


sur Lévi-Strauss


j'ai aimé


aussi votre livre de poche sur l'Inde


je voudrais vous faire parvenir... bon ça c'est une autre affaire (un peu de vanité ?)


juste je pense que vous pouvez éclairer cette "Spanish Revolution" et autres



Fake français


Révolution, ça veut dire un tour complet et ensuite on revient au point de départ ( c'est le vrai sens du mot révolution). Pour l'instant, si je vois un réel mouvement, je me demande où il va et ce qu'il veut. Peut-être que ça ressemble un peu ( si on le lie aux autres " révolutions " en Europe) aux grands mouvements de I848 ?



Fake espagnol


mon marxisme est de surface


je suis né en 1970


même un peu plus marxiste que mes amis, je suis mauvais historien


mais je garde vos mots


pour réflexion


et je trouve généreux de votre part de pointer plus loin que ce que j'arrive à faire


(j'ai fait les Beaux Arts, et continue de peindre, pour information)


mais si je vous pose ces questions ou cette unique question


c'est que ça occupe tout à présent dès qu'on ouvre les yeux et les oreilles


proto-communisme donc ?


c'est une révolution dans le sens de boucle à boucler que vous signalez, non ?


ce serait sinon triste... aigre-doux



Fake français



Je vous répondrai ce soir, manuel, d'accord ?



Fake espagnol


oui


je ne suis pas sûr à quelle heure je serai connecté


mais merci, Catherine




oui ?


bonsoir




Fake français


Proto, post, archi communiste, cela n'a pas grand sens, je dirais plutôt communiste tout court. J'ai été communiste française pendant 15 ans, à l'époque où le PCF a abandonné la "révolution prolétarienne" et surtout, la théorie léniniste de la disparition de l'Etat. Disons" communiste" pour parler du très nécessaire partage des richesses, objectif clair avec moyens difficiles. Quant aux révolutions, depuis que les "révolutions orange" fortement manipulées ont apporté le poison du libéralisme dans les ex-pays de l'Est- voyez l'horreur que devient la Hongrie !- je me méfie terriblement du mot. Je préfère "mouvement", un très beau mot.



Fake espagnol


ça n'a pas l'air si orange que ça... mais j'en sais rien

du moins ce qui vient de l'Espagne et la Grèce...


on ne peut dire pour l'Espagne que ce soit du nihilisme, même si en Grèce ça peut avoir l'air, mais j'ai honte de vous répondre comme si j'étais bien informé, je respire juste et à peine


une autre question est l'asservissement de la libido et la prostitution universelle qu'annonçait Klossowski dans La Monnaie vivante et qui vient donnée par les dispositifs des nouveaux rapports sociaux et sentimentaux


mais j'aurais du mal à tirer une leçon de tout ce qui nous a précédé côté révolutionnaire pour cette nouvelle donne



Fake français



Ce n'est pas orange, mais les révolutions orange ont, à mon avis, dégradé le mot « révolution ». Nihilisme, sûrement pas, ça non. Mais ce n'est pas le sujet. L"asservissement de la libido non plus. Le sujet, c'est pourquoi on veut prendre le pouvoir. Et quelle est la réponse pour l'Espagne ?




Fake espagnol



Avec les peu de connaissances historiques (à peine celles du lycée) que j'ai, l'état d'agitation en Espagne me fait penser à un embryonnaire "Cahier de doléances"... La prise du pouvoir ne semble pas s'être posée. Que ce soit les banlieues françaises, les étudiants (plus jeunes que moi), ou les paisibles espagnols, tout ça a plutôt l'air d'une jacquerie sans débouchées à l'horizon, même si l'on dit en Espagne qu'on veut faire ce qu'ont fait les Islandais (encore plus que les Tunisiens)


ce qui se répète dans les slogans c'est contre la corruption, les banques et le nucléaire


Vous savez ? si je peux me permettre un peu d'humour, les espagnols font la révolution bon-enfant pour amuser les touristes, moi compris, c'est un réflexe qu'on a acquis




Fake français



Les Cahiers de doléances, c'est très bien et ce n'était pas une jacquerie. Les slogans sont rudimentaires- vous ne parlez pas de partage des richesses, est-ce que personne n'en parle ? Les Cahiers de doléances avaient un débouché, les Etats Généraux, une institution solide et qui a bien servi. Pourquoi ne pas exiger la tenue d'Etats généraux ?


"Lé révolution est la forme barbare du progrès", Jean Jaurès



Fake espagnol



Catherine, pour l'instant j'entre sur Facebook juste pour vous faire signe et vous remercier. Je compte faire mon possible pour être à la hauteur de cette conversation, peut-être les jours qui suivront.



***** 


Vendredi 30 septembre 2011


Il serait édifiant de se dire que Dante porte des singularités, de la modernité par rapport à ses contemporains. Mais il a vécu à la fin du Moyen Age, une époque trop complexe pour que l'on puisse avancer une quelconque vérité. Dire que Dante est innovateur, je sais pas... je ressens que c'est un propos de boy-scout littéraire. On a déjà fait le contraste obligé avec Cavalcanti, et c'est une petite enquête de rien. Dante est peut-être une autorité pour nous, une mesure standard, mais il me laisse froid. Je relis et ne trouve rien qui soulage, comme il peut m'arriver avec le reste des livres que je suis en train de lire.


Sinon l'intérêt de la Divine Comédie est autre chose, relevant plutôt de l'horreur, de la bêtise monumentale qui peut être une vie humaine. Bien dosé, c'est un traitement de facto pour une bonne dépression, c'est peut-être pour cela que le livre reste, comme ceux de Sade, d'ailleurs...


Je voulais vous parler d'une idée qui chez moi vient d'atteindre son paroxysme d'angoisse, une fois vérifiée sa qualité chimérique et même "bête" dans le sens du dantesque.


J'ai été frappé par l'éloquence avec laquelle Swimburne, dans un vers que j'ai cité précédemment, revendique "la Liberté". Je suis tellement partagé et confus... Je remarque comment ça peut être ridicule cette exaltation, qui vient à la bouche de véritables marionnettes humaines, de loques existentiels, tels les "écrivains de droite", que j'ai pu connaître plus ou moins et desquels je me suis toujours apitoyé et montré indulgent. Je reconnais quelque chose de ma propre condition marginale chez "l'écrivain de droite", mais c'est tellement sale, tellement "calice amer" pour moi... Si je me surprends à me justifier au nom de "la liberté", comme ils font parfois, je ne peux qu'avoir honte, au vu de ce qui est appelé "liberté" par ces gens là... Mais Swimburne semble lui donner une telle impulsion musicale, au mot "liberté", que je reviens sur mes pas et je commence à faire un autre genre de constats :


a) de facto, ces revendicateurs de la liberté sont souvent sous l'aile d'une administration qui multiplie la surveillance


b) la surveillance est faite au nom de la sécurité


c) la sécurité consiste à un traitement préventif de la conduite qui traite la masse sociale comme incapable de se conduire proprement par elle-même, comme les enfants


d) autre chose, l'exaltation libertaire, de droite ou de gauche, et je le dis par l'observation "in vivo" chez moi, vient associée à une irritation qui est détournée de son origine réel et quotidien, tout comme le fameux mécanisme onirique de "déplacement" signalé par Sigmund Freud, ce qui ferait en effet du sujet ce que la surveillance prétend, quelqu'un d'enfantin foncièrement


e) alors ?


f) ouais, toute problématique de liberté amène à un cercle vicieux


g) mais la prise de conscience... ? ne serait-elle pas essentielle, pour évoluer, ou simplement pour qu'il existe une vraie "conduite", qui soit pas du domaine de la manipulation ?


h) or, il semble qu'on a décidé à notre place que la liberté ne doit être pondérée dans sa dimension problématique et, en conséquence inévitablement risquée, mais qu'elle soit un succédané, une caricature



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