Chaque soir Marie fît goûter à Joseph, qui lui léchait la vulve, le sperme de Dieu coulant du creux de son vagin, les lèvres de lui serrés comme dans un pudique baiser. Cela lui fît répugnance d'après-coup, et il conçut la haine de ce sperme, mais la musique des sphères se fît entendre dans son esprit et l'apprît à persister sans violence.
Evangile de Mélusine
Hérode s'était dit : il n'y a que le sang pour laver la merde. Marie et Joseph partirent en exil, visés, fliqués, sûrs de répondre au profil perdant. Ils tramèrent en exil des cabales, d'abord contre les tyrans, puis, se connaissant enfin, contre eux mêmes. Ils purgeaient ainsi leur mission de victimes expiatoires.
Evangile de Mélusine
Joseph aurait calomnié sa femme avant d'apprendre à la
respecter. Pour elle la virginité perdure du fait d'être femme
artiste, femme à qui le père, la voulant pour soi, a fait cadeau du
phallus. Sa beauté reste nuptiale car elle ne va pas se transformer
en harpie, en commère. Marie est comme un homme pour Joseph, qui,
comme Oedipe, fait jouir sa mère, et enfanter, être en permanence
réceptacle du phallus intellectuel de Marie, si l'on peut dire
ainsi.
Evangile de Mélusine
Cette virginité et cette
virilité de Marie n'ont rien à voir avec les paroxysmes de la folie
de pureté chrétienne depuis la Contreréforme. Le couple sacré
gnostique ne prétend pas la pureté, mais la catharsis par la faute.
Je m'excuse si mes idées vont trop loin, je suis habité par un
esprit et c'est souvent lui qui écrit.
L'esprit peut être saint
ou bien baroque.
Evangile de Mélusine
L'enfant Jésus
visualisait l'enfer d'Ignacio de Loyola. Il savait de celui de Dante,
Buffalmaco et Botticelli, il savait pas que c'était du mensonge
qu'il puisse être éternel et punition du moindre erreur.
L'acteur qui joue le
Christ chez Pasolini ou dans Jesus Christ Superstar a vécu une
catharsis du révolutionnaire et du junky. La punition est injuste,
mais elle est aussi extase.
Evangile de Mélusine
Balthazar était tenté de
jouer le punk facho, il balançait des flèches avec son regard et
aux fans de les placer dans leur partie préférée du corps. Mais il
ne pouvait ignorer son sens moral qui venait de son père et sa mère
acteurs de la contreculture. Il était contradictoire.
Evangile de Mélusine
Gaspard et Melchior
étaient deux intellectuels de gauche, tous deux intéressés à
Marie. Il passaient plus de temps à se faire de longs reproches
écrits qu'à être un peu aimables.
Ils avaient pété les
plombs à un moment donné et leur thérapie occupation était de
régresser en peintres tardogothiques italiens se disputant sur la
forme en entonnoir ou en bouche de flammes, thomiste et romane.
Joseph parlait dès
l'Egypte avec son fils, qui se cherchait pas loin de sa terre natale.
Il lui semblait un mirage le téléphone. Qu'il soit au bordel avec
Marie Madeleine ou qu'il rêve de devenir prophète, il reste ce fin
idiot savant d'avant, pas si idiot. Tout comme lui, artiste.
Mélusine dansa devant le
roi son père et après une touche cannibale dans le souper, elle se
métamorphosa en couleuvre et vint ramper, les mamelles en l'air,
devant le Christ au désert.
Evangile de Mélusine
A la prison, Joseph
s'était masturbé, faute de mieux, à la chapelle devant l'image de
sa femme en mère de Dieu. Il en avait là, sur les autels, à la
dérobée, ses meilleurs éjaculations pendant ses séjours en
prison. Mais c'était le côté pimenté de Marie, qu'il préférait
et qui n'était pas montré dans ces hygiénistes et morbides images
pieuses.
Il était devenu sculpteur
et il faisait des idoles de fertilité d'après sa femme, qu'il
vendait comme de la bijouterie.
Evangile de Mélusine