samedi 31 août 2013

Miroir de science à venir


Comment m’était-elle parvenue, l’idée d’un nouvel Miroir de l’Astrologie, peut-être géomantique ? Il est vrai que nous décidâmes auparavant ce type de livre, nous ayant mis à écrire en duetto télépathique. Mais la coïncidence avec Claude et Max Jacob, sur lesquels je projette une kaléidoscopique chaleur vestale, mais fait ressentir plus fort la solitude.

Les Dioscures percutent leur ballon dans la cour, l'on se soule du silence et du théâtre sadien de l'enfance. Il faut lire, prendre un livre par la gorge et le faire chanter une pluie de dents noirs et fourmis. Franciiis, Franciiis Poonge... réveille toi, ça va repartir.

d'autres palimpsestes du même bouquin






mercredi 28 août 2013

Totem et tabou du poisson perroquet ( photos Catherine Gil Alcala et Manuel Montero)

And fishers in the middle sea
Did get thee sea-fish and sea-weeds
In colour like the robes on thee;
And curious work of plaited reeds,
And







wools wherein live purple bleeds.



Et le pêcheur qui de la mer apporte
pour toi les mets marins, les algues
toutes en couleurs comme le tissu de tes robes;
et un curieux travail de lentilles minutieuses,
et des laines d'où viennent les saignements les plus rouges.
 
 
 
 

mardi 27 août 2013

début de traduction (Aholibah de Swinburne)


*

N the beginning God made thee
A woman well to look upon,
Thy tender body as a tree
Whereon cool wind hath always blown
Till the clean branches be well grown.



Loin, au début, Dieu t'a fait
Une femme belle pour regarder
Au tendre corps comme celui d'un arbre
Sur lequel seul l'air frais toujours a soufflé
Laissant au calme propre tes bourgeons pousser.


There was none like thee in the land;
The girls that were thy bondwomen
Did bind thee with a purple band
Upon thy forehead, that all men
Should know thee for God’s handmaiden



Dans notre terre aucune était comme toi;
Les filles qui étaient tes amicales
t'avaient liée de pourpre en soie
le front bien haut, pour que les gens
savent que tu étais servante pour Dieu déjà.




Strange raiment clad thee like a bride,
With silk to wear on hands and feet
And plates of gold on either side:
Wine made thee glad, and thou didst eat
Honey, and choice of pleasant meat.



Parure bizarre exquise de noce,
avec maures aux mains, maures aux pieds,
et à chaque côté un disque d'or:
que le vin te courba d'un sourire et tu as mangé
le miel, et tout un choix de chair en primeur.

And fishers in the middle sea
Did get thee sea-fish and sea-weeds
In colour like the robes on thee;
And curious work of plaited reeds,
And wools wherein live purple bleeds.



Et le pêcheur qui de la mer apporte
pour toi les mets marins, les algues
toutes en couleurs comme le tissu de tes robes;
et un curieux travail de lentilles minutieuses,
et des laines d'où viennent les saignements les plus rouges.

And round the edges of thy cup
Men wrought thee marvels out of gold,
Strong snakes with lean throats lifted up,
Large eyes whereon the brows had hold,
And scaly things their slime kept cold.



Au pourtour du rebord de ta coupe
les hommes déposèrent l'or et sa merveille,
forts serpents inclinent leur gorges et les dressent,
larges regards auxquels sont attachés tes sourcils
pour que reste la morve froide à ta pupille en silence.

For thee they blew soft wind in flutes
And ground sweet roots for cunning scent;
Made slow because of many lutes,
The wind among thy chambers went
Wherein no light was violent.



Pour toi ils ont collé leur haleine à des flûtes
étalé par terre les racines pour une scantion savante;
doucement à cause de la quantité des luth, abondante,
le souffle entre tes chambres alla
là où d'aucune lumière se fit violence.







God called thy name Aholibah,
His tabernacle being in thee,
A witness through waste Asia;
Thou wert a tent sewn cunningly
With gold and colours of the sea



Dieu t'appela du nom d'Aholibah,
son tabernacle était en toi,
un témoignage désolé de partout dans l'Asie ;
tu fus sous une tente tissée de minutie
et d'or et couleur divers venant de la mer.

God gave thee gracious ministers
And all their work who plait and weave:
The cunning of embroiderers
That sew the pillow to the sleeve,
And likeness of all things that live.



Dieu te donna des ministres gracieux
et leur complainte monotone et ondulante :
l'astuce des tisseurs
qui fila l'oreiller pour le sommeil,
et l'apparence de toute chose vivante.


Thy garments upon thee were fair
With scarlet and with yellow thread;
Also the weaving of thine hair
Was as fine gold upon thy head,
And thy silk shoes were sewn with red.



Tes garnements sur toi étaient élégants
traversés d'écarlate et de jaune ;
aussi l'ondulation de ta chevelure était
comme de l'or sur la beauté de ta tête,
et la soie de tes chaussures de rouge tissée.

All sweet things he bade sift, and ground
As a man grindeth wheat in mills
With strong wheels alway going round;
He gave thee corn, and grass that fills
The cattle on a thousand hills.



Les douces choses, toutes, il laissa suffire, et resta
comme un homme qui œuvre la fleur dans le moulin
avec les lourdes pierres tournant et tournant ;
il t'offrit le grain, et l'herbe qui comble
la besogne d'un millier de montagnes.

The wine of many seasons fed
Thy mouth, and made it fair and clean;
Sweet oil was poured out on thy head
And ran down like cool rain between
The strait close locks it melted in.



Le vin de tant de saisons nourrit
ta bouche, et il fit proprement avec élégance ;
tendrement l'huile de l'essence se déversa sur ta tête
et courra sur toi entre les mèches mouillées
de pluie ou de rosée qu'on voyait fondre.

The strong men and the captains knew
Thy chambers wrought and fashioned
With gold and covering of blue,
And the blue raiment of thine head
Who satest on a stately bed.



Les plus forts et les capitaines connaissaient
tes chambres portées et façonnées d'or
et récouvertes d'un ton très bleu,
et le bleu dans la coiffe sur ta tête
s'appuyant dans un lit statique.

All these had on their garments wrought
The shape of beasts and creeping things,
The body that availeth not,
Flat backs of worms and veinèd wings,
And the lewd bulk that sleeps and stings.



Tout cela avait au garnement porté
l'allure des fauves et des choses rampantes
au corps qui ne résista plus davantage.
Des vers à la raie plate et des ailes veineuses,
et l'odeur de cadavre qui envenime.

Also the chosen of the years,
The multitude being at ease,
With sackbuts and with dulcimers
And noise of shawms and psalteries
Made mirth within the ears of these.



Aussi le choix de tes années,
aisée la multitude,
du son d'un pet et d'une syringue
et le bruit du rut et moultes psaltères
firent la branche du myrte sortir de leur oreille,

But as a common woman doth,
Thou didst think evil and devise;
The sweet smell of thy breast and mouth
Thou madest as the harlot’s wise,
And there was painting on thine eyes.



Mais tout comme une femme commune
toi tu pensais de travers et du mal ;
l'odeur sucrée de tes seins et tes voyelles
semblait fait comme d'une putain sont faits les dires,
et l'on voyait sur tes yeux l'évidence de la peinture.



vendredi 23 août 2013

notation radio 1

    • L'infini turbulent à la radio. Michaux à voix de beau gosse. Ma pensée produit depuis des jours ses propres paraboles moléculaires. Par elle même, comme il était prédit à la radio. Acrobates indéfinissables, mes souvenirs sautent sur mon cahier obéissant à rien. Je fume la mixture arabisante et anodine du thé et de la cannelle. C'est légal, ma vie serait pour peu légale si j'oublie pas par système. Malheur calme et joyeux. La balançoire de Donovan... le paroxysme du Bien.

vendredi 9 août 2013

Vamp et pantomime du muet



photos : Manuel Montero et Catherine Gil Alcala. Retouches : Catherine Gil Alcala.





Intimités au Festival Off d'Avignon (photos Manuel Montero et Catherine Gil Alcala, retouchées par eux)



Ah, j'ai cru reconnaître, au passage des contemplation amoureuses, le corps de Kiki de Montparnasse... N'empêche que j'étais là bas, à la ville attardée d'Avignon, en compagnie d'une diva, qui distribue ses prospectus comme des gages platoniques, depuis le poste de bouderie d'une terrasse. Les personnes magnétisées ne pouvaient que courir prendre ce qu'on leur tendait, sachant unique l'instant...







Dans la ruelle du théâtre, dans le théâtre de la ruelle, les loubards copulent, gonflent des bicyclettes, vendent de la came... Les filles de réception se submergent dans une langoureuse paranoïa. La nuit impose ses pauses.






Nous maudissions la ville devenue, le double son du goût métallique du siècle... La vie du sexe se passa dans le climat d'orage de la canicule; mollesses, amour molaire, moléculaire, puis la conversation des amants, chacun artiste exclusif. Les dernières photos de mon ex arrachées de mes livres de collages dans une nuit de rage (j'avais déjà découpé au ciseau les premières). Les raisons sont dans la journée qui précède et qui a été spécialement électrique. Nous avons parcouru Avignon en distribuant des invitations et en essuyant le mépris des ignares et des éternels sycophantes du terroir. Nous sommes passés à l'amertume, plutôt moi, qui me suis mis à me plaindre que je voulais m'allonger quelque part. Puis dans un échange de reproches nos délires (phobiques les miens et plus tenaces) ont fait qu'on se parle au milieu de la multitude et dans les ruelles citadines en haussant de plus en plus la voix. Elle se défendait des fantasmes que j'avais affiché auparavant partout sur la Toile à son sujet, nés de ma peur de ne plus être des siens. Papesse, elle était aussi figure de dansante classique qui déclame des plaintes. L'orage a éclaté, la pluie était comme un mur qui nous murait dans une irrespirable épuration. Elle disait que c'était impossible qu'elle soit comme je la voyais dans mes cauchemars et me disant : "c'est ça que tu veux de moi ?" ses mains ont lacéré sa gorge et sa poitrine, faisant de longues griffures, c'était trop tard pour prendre le bus pour la banlieue campagnarde et on s'est trouvés sous les murailles liquides aux portes solides de la muraille solide de la ville, la route devant nous. J'ai crié elle aussi et j'ai appelé ma psychanalyste, puis les pompiers. J'ai raconté aux pompiers que j'aimais Catherine et ils m'ont demandé de passer le mobile pour voir qu'est ce qu'elle avait à redire. Elle leur a raconté un rêve, point de départ de mes phobies. Ils ne voulaient pas venir nous marier. Je disais que je n'était pas sûr duquel des deux avait besoin de l'écoute d'un psychiatre, elle ou moi, mais j'ai insisté que c'était un cas désespéré. Le pompier au bout du téléphone, captieux, me demanda si c'était pas un transport gratuit que j'étais en train de demander et a raccroché. Elle a disparu et au bout de quelques éclairs elle est réapparue entre les rideaux lourds de pluie, sans me regarder. Je l'ai suivie. Puis on était à l'extérieur, sur le pont, et des dames passaient à qui on a demandé d'être juges de notre litige. Le rêve a été raconté encore, ce qui selon les kabbalistes le dilue et le rend anodin. Les dames nous questionnaient, surprises par notre histoire bizarre. Puis nous nous sommes mis à marcher sous les éclairs qui parfois tombaient à nos pieds, on ressentait leur décharge dans les jambes. Les routes de campagne étaient noires et indiscernables, nous marchions avec l'eau jusqu'aux chevilles et plus haut, et nous prenions des intonations audibles dans nos répliques. Arrivés au manoir, la nuit avancée jusqu'à presque l'aube, j'ai reçu sur mes flancs les traces des ongles de Mélusine, et elle a vu pieuse, le matin, qu'elles cicatrisent plus tard pour moi, tandis que dans sa poitrine elles rajeunissent la peau comme les sacrifices de la comtesse sanglante.


J'ai eu la veille du départ un échange de coups avec un colocataire, qui sentant ma main plantée sur son visage le ridant comme un fruit pourri, une fois revenu à soi, m'a répondu d'une gifle violente en envoyant mes lunettes par la fenêtre. Catherine a appelé les flics qui sont venus nous calmer et prendre acte du duel et j'ai réalisé que le visage du colocataire était celui du Christ.